Une étrange atmosphère plane... ( libre )

Son errance l'avait mené ici, laissant sa mère à la tranquillité du bois automnal, continuant sa route plus loin. Il marchait continuellement, assurément, suivant un chemin que seul lui semblait distinguer au travers le voile rêveur qui recouvrait perpétuellement ses yeux. Ses sabots n'offraient aucun des légers cataclopes caractéristiques des chevaux, rien que le léger son des herbes écrasées, rien de bien folichon en somme. Il chassa une mouche agaçante, frissonnant de dégoût face à l'insecte. Rien n'était audible, juste le bruissement des herbes agitaient par le vent. Son corps frôla un pommier alors qu'il passait de l'autre côté, c'est à ce moment là qu'une voix le surprit, dos à lui se tenait un étalon à la robe dorée dont les muscles noueux étaient tendus, visibles dans ses cuisses et ses épaules même de là où il se trouvait.

- Sors de ta cachette !

Il obéit sans obéir, puisqu'il marchait déjà avant que son compère ne prenne la parole. Son pas ne changea pas, resta le même, lent et posé. Toutefois ses yeux rêveurs ne fixaient plus le paysage sans le voir, mais bien l'autre mâle. Il s'arrêta à cinq bon mètres de lui sans le lâcher du regard, sans parler pendant deux longues minutes avant d'incliner la tête de haut en bas et de la relever dans le même élan.

" Je n'étais pas caché, pas vraiment, pas volontairement en tout cas. " songea à haute voix le puissant étalon " Moi c'est Drazbel, t'as l'air un peu tendu, il y a un problème ? "

Drazbel laissa une moue dubitative marquer ses traits. Juste sur ses gardes ? Pas tendu ? Ces deux là ne devaient pas avoir la même définition du terme tendu alors. Mais il resta silencieux et n'en fit pas la remarque, préférant laisser son regard fixé sur l'autre étalon. Le ciel était dégageait et le soleil laissait glisser ses rayons sur sa robe avec douceur. Il n'avait jamais était très réceptif à l'atmosphère d'un lieu, sauf quand elle tirait vers les extrêmes. Un oiseau téméraire se posa sur son dos, sautillant et gazouillant alors que son perchoir était aussi immobile qu'une statue. Seul se soulever régulièrement son ventre sous sa respiration, ses naseaux frémissants alors qu'une nouvelle fois il clignait des yeux. Le silence s'était installait entre eux sans que rien ne bouge. Drazbel essayait d'analyser le comportement du dénommé Klaus. Il l'avait entendu rire. Pas gaiement, pas ironiquement, ni même moqueusement. Il avait laisser échapper le même petit rire que sa sœur quand elle avait fait une bêtise. Mais Drazbel ne comprenait pas. Pourquoi l'étalon était il nerveux ? Il n'avait rien fait pour s'attirer une telle réaction. Enfin, pas pour lui en tout cas.

Il finit par bouger son encolure, orientant sa tête vers la droite pour observer le paysage de ses yeux rêveurs. L'oiseau sur son dos avait été rejoint par deux de ses copains et prenaient un bain de soleil à l'abri de potentiel prédateurs. Songeant aux dernières paroles de Klaus, il prit la parole sans pour autant détourner ses yeux du paysage de brins dorés agités par une brise légère.

" Pourquoi devrais-je me soucier de ce qui n'est pas ? Je n'ai pas à me soucier de quoique ce soit. Car je ne pense pas au futur. Toi par contre tu vis tellement dans le futur que tu ne sais plus apprécier le présent. " fis remarquer l'étalon pie.

Il changea de pied d’appui, faisant piailler les trois oiseaux sur son dos qui avaient entre temps étaient rejoins par deux amis. Ils se retrouvaient donc à cinq à prendre un bain de soleil sur son dos. Drazbel se retourna vers l'étalon doré et l'observa un peu plus. Il avait le corps noueux des combattants alors que lui même ne devait son gabarit et sa musculature qu'à la génétique, au travail en centre équestre et en trait et ses courses sur Falöna. Il ne s'était battu que très peu de fois. Pas suffisamment pour se bâtir si il avait eu une morphologie différente en tout cas, contrairement à Klaus qui semblait donc "sur ses gardes" et prêt à en découdre au moindre trucs suspects. Drazbel espérait juste qu'il ne serait pas la cible d'une frustration accumulée.

" Pourquoi es-tu là ? Tu es trop tendu, tu crains quelque chose. Alors pourquoi ne pas être avec les autres ? finit il par questionner d'un ton plus bas que précédemment, sans même savoir lui même ce qu'il entendait par 'les autres'.