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 Neraida ; Jenifaël

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MessageSujet: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeSam 8 Aoû - 15:16

Ashes
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Tout s'était passé si vite. Elle était tombée, s'était écroulée sur le sol et paniqué, il s'était jeté vers elle, la priant de se relever. Il sentait le danger se rapprocher, les crocs, le sang et la rage des démons les prendre peu à peu. Mais sa douleur fit taire ses peurs. Il ne put que regarder, impuissant face à son destin, à celui de la libellule et à celui, neuf, incertain, de l'être qui naquit des flancs blancs.
Après, et après, la peur lui reprit les tripes. Qu'allait-il faire maintenant qu'il devait se charger d'un nouveau-né qui ne marchait pas, et d'une mère épuisée, qui avait sombré dans l'inconscience ? Du moins, c'est ce qu'il lui semblait... Le doute se mit à poindre le bout de son nez dans son esprit. Reniflant et humant Jenifaël, cherchant à savoir si elle était toujours en vie, le cœur pincé, aux aguets, Ashes ne savait que faire. Du poulain il ne s'en préoccupait pour l'instant pas, ne sachant pas s'il devait être heureux de sa venue, ou pas. Il était fruit d'une union imparfaite, fils d'un démon, du Tentateur. Ashes était le seul à savoir ce qu'il y avait vraiment eu à l'intérieur même de l'âme du démon. Lorsqu'il pensait à ça, cette chose qui gigotait à peine dans l'herbe et la terre, le dégoût le prenait et il...

Un craquement sonore le fit se retourner. Les Pandörians ! Non ! A peine libre, allait-il crever maintenant ? Et Jenifaël ? Que pouvait-il faire ? Reculant sur la jument, comme s'il désirait la protéger du mal qui se propageait, mais sans y parvenir. Le mal, le mal, partout... et la mort, il le sentait. Paniqué, déboussolé, l'étalon trébucha sur le poulain et tomba à terre. Il se cogna la tête contre un tronc d'arbre. Ce fut le noir total.

Lorsque Ashes ouvrit les yeux, une douce lumière accueillit ses rétines fatiguées. Des feuilles lui chatouillaient les flancs et son regard se rétablit sur des vieilles pierres pavées, envahies par la mousse, douce et épaisse. Et puis, il se rappela la nuit noire, la peur, la fuite. En sursaut, il se releva, glissant sur les pavés.
Mais tout autour de lui, ce n'était que lumière et verdure. Baigné dans le soleil, des papillons bleus voletaient tout autour, et le chant des oiseaux sifflait à ses oreilles. Pendant un instant, rien ne traversa son esprit. C'était le vide, tellement la surprise et l'étonnement étaient grands. Et puis la tension redescendit enfin et il ferma les yeux. Le soulagement le fit trembler. Mais... Jenifaël ?

Ashes balada son regard sur ce qui semblait être un sanctuaire, avant de le poser sur la jument blanche. Elle était installée dans un lit de feuilles, de fleurs et de mousse, au creux d'un arbre millénaire. Un sourire fendit le visage de l'étalon noir, et il s'approcha pour venir coller son chanfrein contre l'encolure enroulée de la Fée. Un soupire de soulagement s'échappa d'entre ses lèvres et il resta longtemps ainsi, ne se préoccupant plus de rien. Plus rien n'avait d'importance, et savoir comment ils étaient parvenus ici était le cadet de ses soucis. Le principal s'était qu'ils allaient bien. Tous les deux. Mais surtout elle.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeDim 16 Aoû - 18:02

Jenifaël
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Blanc. Le monde entier n’était que Blancheur absolue. Pas un blanc éclatant, pareil à la neige cotonneuse. Pas un blanc sale et délavé, comme celui d’une vieille robe de mariée. Non, un blanc basique, froid et impersonnel. Où que se porte son regard, ses prunelles d’obsidienne ne rencontraient que ce coloris atone.  Dans cet univers monotone, nulle sensation ne filtrait. Pas le moindre bruissement, pas le plus infime parfum, nul effleurement. Elle flottait dans un désert de sensation. Son corps lui-même ne pesait pas plus lourd qu’une plume et se laissait dériver sur cet océan sans saveur. Et pourtant, elle se sentait bien, en paix. Ses peines, ses douleurs, son passé. Tout ça n’avait plus la moindre importance. Un soupir d’aise s’échappa de ses lèvres imaginaires. Soupir silencieux mais qui résonna agréablement en son sein. Etait-ce cela, la mort ? Voguer à jamais sur cette mer éternelle, privée de toute sensation, sans soucis, le corps anesthésié ? Se laisser guider par une brise inexistante et s’abandonner au sentiment de bien-être intense qui vous envahît ? Quel doux voyage ! Elle n’avait aucune notion du temps. En ce lieu étrange, les heures et les secondes se confondaient avant de disparaître. Le temps n’avait pas d’emprise sur lui. Depuis combien de temps naviguait-elle ainsi ? Quelques minutes… une éternité ? Quelle importance ? Pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentait bien, le cœur léger, apaisée… Ses paupières se refermèrent à nouveau, rideaux de lin masquant l'obscurité de ses yeux. La petite fée se laissa porter par le vent imaginaire soufflant sur cet univers écru, se focalisant sur la délicieuse absence de tout sentiment, de tout souvenir. Finis la douleur, la peur, la peine. Ne restait que cette paix languissante qui courrait dans ses veines comme un miel doucereux.

Mais cette paix si langoureuse se disloqua aussi vite qu'elle l'avait envelopper. Brusquement, un flot de sensations envahit son univers aseptisé. Ce ne fût d'abord qu'un sentiment fugace. La caresse timide du Soleil sur sa peau. L'odeur réconfortante de l'humus. Puis les sensations s'affirmèrent, éloignant inexorablement la petite de son havre de paix.  Tout. Elle percevait tout. Le chant harmonieux des oiseaux. La brise jouant malicieusement dans ses crins d'argent. Les milles et uns parfums se bousculant dans ses naseaux. Et là, tout près d'elle, un cœur battant. Plus rien ne subsistait, hormis ces douces sensations. Ni craintes ni douleurs, ni souvenirs ne l'assaillaient encore. Seulement cette curiosité qui la taraudait. Celle de savoir où elle se trouvait. Et plus que tout, de savoir qui veillait sur son sommeil. Alors, au prix d'un ultime effort,  Jenifaël ouvrit les yeux.

Le Soleil éclatant aveugla ses prunelles closes depuis bien trop longtemps. Surprise, la fée battît longuement des cils jusqu'à ce que sa vue se fasse à la luminosité ambiante. Alors seulement ses orbes d'obsidienne s'écarquillèrent d'émerveillement. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, jamais l'Ivoire n'avait contemplé plus bel endroit. Tout en ces lieux irradiait d'harmonie et de douceur. Les murs recouverts de lichen. Les milles et un papillon flânant à la faveur de la bise presque printanière. Les myriades de fleurs multicolores s'épanouissant entre les pavés moussu... Un sentiment de paix immense l'envahît alors. Sentiment appuyé par le contact réconfortant d'un autre être contre elle. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas eût de contact avec ces congénères. Depuis son ultime rencontre avec Discord, la petite ne supportait plus leurs proximité. Le moindre effleurement suffisait à lui rappeler les instants d'horreur que lui avait fait endurer l'étalon gris. Mais étrangement, cette étreinte là n'inquiéta par l'Ivoire. Au contraire, elle y puisait un étrange sentiment de sécurité. Aussi resta-t-elle ainsi longtemps à profiter de l'instant présent, n'osant bouger de peur de déranger son pair...

Jusqu'à ce qu'une odeur désagréable ne vienne faire éclater sa bulle de bonheur. Au milieu des parfums enivrants de fleurs et d'humus flottaient des fragrances bien moins agréables, âcres et ferreuses. Jeni fronça les naseaux, tentant de les soustraire à ces parfums écoeurants. Mais rien n'y faisait. Ils flottaient si bien dans l'air que la petite ne sentît bientôt plus que ces derniers. Agacée, la petite renâcla. Allons bon, quelles étaient ces odeurs ? On aurait dit celles de la suie et...du sang ?

Pearlqueen, Pandore, l'avortement, l'Obsur, la course poursuite, la mise à bas, l'hôte du mal...tout lui revînt alors, la frappant violemment à la figure. Fuir. Elle devait fuir. MAINTENANT.

Brutalement ramenée à la réalité,  la jument bondît sur ses pieds, les yeux fous. Voulu bondir. Car un éclair de douleur la fusilla sur place. La fée poussa un gémissement à vous faire fendre le cœur avant de s'effondrer misérablement sur sa couche, respirant douloureusement. Mal. Elle avait tellement mal. Ses jambes endolories se convulsaient frénétiquement. Ses côtes lui faisaient souffrir le martyr à chaque inspiration. Mais le pire venait sans conteste de ses entrailles. Jeni avait l'affreuse impression qu'on l'avait raclée de l'intérieur, ne laissant d'elle que des lambeaux sanguinolents. Avant qu'elle n'ait pu esquisser le moindre geste, des larmes de douleurs détrempèrent ses joues.

Serrant les dents, la petite se força néanmoins à se dresser sur ses pieds, constatant au passage que sa couche était maculée de sang. Les yeux écarquillées, l'Ivoire chancela légèrement, effleurant un corps étranger. Un frisson la parcourût alors. Et s'il s'agissait d'un Pandörian ? Faisant taire au mieux son appréhension, la petite tourna la tête vers son congénère. Son cœur bondît dans sa poitrine. L'obsur ! L'obscur l'avait trouvée ! Il allait la ramener à sa maîtresse ! Son corps entier se rebella contre cette idée. Non. Non elle préférait mourir plutôt que de laisser un telle chose se produire ! Jeni s'apprêtait à s'élancer – chose ridicule au vue de son épuisement qui rendait chaque pas plus ardu que le précédent- lorsqu'une révélation la frappa. L'Obscur n'existait plus. Ca n'était pas lui, mais son hôte qui avait veillé sur elle. Son Ange Gardien...

Les larmes de soulagement se mêlèrent à celles de douleurs tandis que la jument s'effondrait contre lui, prise de sanglots irrépressibles. Quelques part au fond d'elle, une voix la fustigea de se conduire comme une hystérique. Elle devait vraiment avoir l'air d'une folle avec ses crins défaits et sa robe maculée de cendre et de sang ! Mais la libellule n'en avait cure. Le soulagement était trop grand. «  Je suis désolée », lui souffla-t-elle entre deux sanglots. Désolée d'avoir été si faible alors même que les sbires de Pandore étaient à leurs trousse. L'émail n'osait imaginer les montagnes de volonté que le mâle avait du mettre en œuvre pour la traîner jusqu'à cet Eden. Car pour la jument, il n'y avait aucun doute possible. C'était bien le Noir qui l'avait menée à son refuge. Après tout, c'était la seule explication possible, puisqu'elle était tombée inconsciente juste après la venue du poulain...

Le poulain ! A nouveau, la jument frissonna, se dégageant brutalement de l'étalon avant de jeter des regards éperdus autour d'elle. Mais elle avait beau faire, le poulain demeurait hors de sa vue... *A supposer qu'il s'agisse bien d'un poulain* songea sombrement la Blanche. La panique afflua dans ses veines. La voix tremblante, Jeni se décida finalement à interroger le mâle : « Le poulain ? » Elle n'osa dire « mon » poulain. Cela semblait bien trop irréel. Bien trop cruel. Alors, pourquoi était-elle si inquiète qu'il soit arrivé malheur au petit monstre ?


Dernière édition par Jenifaël le Ven 11 Sep - 22:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeVen 21 Aoû - 21:29

Ashes
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Son corps contre celui de la divine blanche, Ashes sentait qu'elle revenait à ce monde et s'éveillait, petit à petit, aux sensations qui reprenaient possession de ses sens. Un fin sourire étira alors les lèvres brunes de l'étalon noir. Mais il ne s'attendait surement pas à ce qu'elle se soulève aussi rapidement, et à lire dans son regard la peur et la crainte, qu'il avait su lire sur son visage à chaque rencontre avec l'Obscur Roi des Démons. Il recula, surpris lui aussi par ce soudain changement d'attitude et d'énergie de la jument. La fée était déboussolée, comme il l'avait été à son propre réveil en ce lieu. Disparu, le danger. Disparus, le sang et son odeur. Disparue, la traque. Aussi soudainement qu'il s'était retrouvé à contrôler et ressentir son propre corps, sa propre chair, dont il avait été si longtemps privé.
Ils avaient tous les deux souffert, autant physiquement que moralement, psychologiquement. L'une avait perdu sa clarté, violée par le cendreux Tentateur et par la félonne Pandora. L'une avait enduré la douleur d'une grossesse et la souffrance d'une mise bas, d'un être non désiré. L'un se rappelait à peine de la caresse du vent sur sa peau et de l'eau dans sa bouche. L'un se souvenait à peine de ses propres mémoires, intimement liées à celles, terribles, du ténébreux Haschatan. Si bien qu'il ne savait réellement pas s'il était véritablement revenu à lui. Il avait si longtemps vécu avec le démon. Il avait vu et ressenti, il avait souffert avec lui, autant qu'il s'était enjoué. En à peine quelques instants, le voici libre et seul. Déstabilisant.

Il n'eut pas le temps de réfléchir ni de penser, que des larmes roulaient sur les ganaches immaculées de Jenifaël, dans ses yeux effarouchés. Il savait qu'elle le prenait pour un autre, mais l'habitude le faisait douter de lui-même. Était-ce lui ? Qui voyait-elle ? Non... Qui sentait-elle ? Mais le souvenir de la perte de son hôte, qu'il avait côtoyé longuement, qu'il avait haï aussi fort qu'il s'y était attaché, était encore bien trop ancré dans sa mémoire. Il n'y avait pas de question à se poser.

- Ce n'est que moi... Ashes.

Pour lui-même, ou pour elle, il se voulait rassurant. Elle s'effondra contre lui, en s'excusant et bien sûr qu'il la pardonnait. Il aurait réagi de la même façon, et quand bien même il était en pleine possession de son corps, il doutait encore de sa liberté.
Il aurait voulu l'entourer de sa chaleur et la bercer contre son poitrail éclaté, quand elle ne lui en laissa pas le temps, encore trop instable. La voici qui s'écartait, criant un mot qu'il ne sut saisir aux premiers abords, mais qui tonna dans son esprit quelques secondes plus tard. Il aurait voulu qu'elle l'oublie, son poulain. Cet être infâme et maudit bien avant de naître. Cet être dont l'innocence de la jeunesse ne touchait pas, marqué par le mal. Au fond de lui, Ashes avait peur de cette si jeune créature, et il espérait si fort qu'elle soit encore perdue dans les bois, et agoniser de n'avoir pas eu son premier lait. Ce monstre dont l'identité était déjà toute devinée. Il était le fils du plus malsain, du plus noir de tous les démons que Pandore avait crée. Un être magique et vil, qui s'il était présent, leur sauterait à la gorge dès la première seconde où ils ne se douteraient de rien. Il ne pouvait être rien d'autre qu'un monstre.

- Je ne sais pas où il se trouve. Je ne sais même pas comment nous sommes arrivés ici.

Changer de conversation. Dévier son attention sur autre chose. Peut être finirait-il par lui faire oublier l'être dont elle avait mis bas. Il était fâcheux de voir qu'elle s'en préoccupait autant, elle si blanche, elle si pure.
Un papillon se posa sur sa croupe, et le mâle sursauta, faisant s'envoler l'insecte. Il se retourna pour le regarder partir, lorsque son regard se posa sur une forme blanche et iridescente, fantomatique.

Un grand loup majestueux dans sa robe blanche et translucide dont s'échappaient des fluides gazeux était couché tel un lion sur son trône, perché sur une ruines de mur ancien et couvert de mousse. Il les observait, c'était certain, mais impossible de poser son regard dans le sien. Comme l'inverse de l'Obscur, il ne s'agissait à la place des prunelles, que de néant bleu, profond et glacé.
Ashes resta interdit.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeVen 11 Sep - 23:14

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"Je ne sais pas où il se trouve. Je ne sais même pas comment nous sommes arrivés ici."

Occultant momentanément la seconde déclaration du mâle, Jeni sentît son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine. En dépit de tout. Du bon sens.De sa haine envers Pandore. La libellule sentît sa gorge s'assécher à l'annonce de la disparition du petit. N'écoutant que son cœur, la Blanche s'éloigna franchement de l'étalon, prête à se lancer à sa recherche. L'angoisse agitait son cœur, ne serait-ce qu'en songeant à l'agonie de cette pauvre et fragile créature, seule dans les bois, condamnée à mourir sans même avoir connu l'amour d'une mère.

Au fond d'elle-même, Jeni savait son comportement absurde. Elle n'avait jamais voulu mettre au monde ce monstre, pas plus qu'elle n'avait voulu enfanter de la progéniture de Discord. L'être était né dans la haine, sa naissance marquée du sceau de la douleur et de la terreur. Pire encore, il était le fils du Démon lui-même, du plus terrible enfant de Pandore. Il n'était même pas un équin à proprement parler ! D'ailleurs, rien ne lui indiquait qu'il n'avait pas l'apparence de son père, et non celui d'un innocent poulain. Et même si tel était le cas, la fée n'était plus assez naïve pour l'espérer innofensif. Elle n'était que trop consciente de la menace qu'il représentait. Il était né de la volonté de la Félonne après tout. L'odieuse divinité devait avoir de grands desseins pour lui. Il ne pouvait être qu'une menace...

Oui, au fond d'elle-même, l'Ivoire savait qu'elle aurait du le haïr. Ou du tout du moins demeurer indifférente à son sort comme cela semblait être le cas du Noir. En effet, le manque d'intérêt évident de son compagnon pour l'enfant n'avait pas échappé à la jument. Elle ne l'en blâmait pas et en venait même à lui envier cette indifférence. Mais elle n'y pouvait rien. Elle ne parvenait pas à se détourner du sort de la créature. Tout en elle lui hurlait d'aller à sa rencontre, de le réconforter... Car tout enfant du Démon qu'il était, il n'en demeurait pas moins à moitié mortel. Les ultimes paroles de l'Obscur lui revînrent alors en mémoire. « Je vous aime » avait-il murmuré, avec tant de sincérité dans ses prunelles écarlates que la Blanche s'était sentie chavirer. Si même le roi des démons avait été capable de la sauver. Si le plus sombre de tous les cœurs avait aimé, alors pourquoi pas cet enfant ? C'est pleine de cette soudaine espérance, que la jument se décida à partir à la recherche de sa progéniture. Mais à peine leva-t-elle gracieusement un sabot qu'elle s'immobilisa, réalisant la portée de la déclaration du mâle.

Se retournant vers lui, la Libellule perplexe. « Comment ça Ashes, tu ne sais pas comment nous sommes arrivés ici ? Tu veux dire que ce n'est pas toi qui... » Elle secoua la tête incrédule. C'était à ni rien comprendre. L'émail sonda les prunelles d'onyx de son pair, en quête de vérité. Mais elle ne trouva rien. Il semblait tout aussi ignorant qu'elle sur la question.

Las de tant d'énigmes, la jument poussa un soupir las et fût sur le point de se détourner du regard du mâle lorsqu'une réalisation la frappa. Ashes. Il s'appelait Ashes. Après tous ces mois à ne voir en lui qu'un Démon prêt à dévorer son âme, à fixer ses prunelles rougeoyantes, le danger était à jamais écarté. Jamais plus elle ne verrait l'obsidienne combattre le rubis dans ses iris. Il n'était plus l'hôte. Il était lui. Ashes. Celui qui l'avait sauvée plus de fois qu'elle n'avait pu les compter. Celui pour qui elle s'était rendue au rendez-vous fixer par Pearlqueen. Pour le sauver. Le libérer. Et force était de constater qu'elle avait réussi. Pour une fois dans sa vie. Cette réalisation apaisa de son baume son âme meurtrie. Tous ses sacrifices n'avaient pas été vains après tout. Il était libre désormais. Libre. La Blanche le sonda alors, priant pour que l'image de l'étalon bienveillant chasse à jamais celle du démon assoiffé de sang en son esprit.

C'était étrange, à bien y penser, de pouvoir converser avec lui ainsi, sans se sentir oppressée par le danger. Et plus étrange encore était ce sentiment de le connaître alors même qu'elle n'avait fait que le croiser. Il était indéniable qu'un lien s'était tissé entre eux, au cours de leurs diverses rencontres. Mais d'où venait cette impression de sécurité qui courrait dans ses veines, alors même que la compagnie de ses pairs lui répugnait désormais ? Elle n'en savait rien, mais une chose était sûre, il lui tardait d'apprendre à le connaître, lui, Ashes. Oui, elle voulait en savoir plus sur celui qui avait risqué jusqu'à son âme pour elle, alors qu'il ne savait rien d'elle. Un sourire illumina le visage maculé de suie de la jument, contrastant avec son regard embué.

Jeni réalisa alors que non seulement elle devait avoir l'air d'une idiote, mais qu'en plus de cela, elle n'avait cessé de scruter l'Ebène depuis quelques minutes dans un lourd silence. Troublée, rougissante sous son duvet de lin, la Fée se détourna brusquement de l'étalon.

Un hoquet de surprise lui échappa alors. Là, face à eux se tenait une créature tout droit sortie d'un conte pour enfant. Des volutes de fumée évanescentes dessinaient les contours d'un majestueux loup, les observant depuis son piédestal. Mais en dépit de la magnificence qui se dégageait de la bête ainsi que de l'absence d'animosité de sa part, la jument ne pût s'empêcher de frissonner. Selon toute vraisemblances, cette créature était tout, sauf mortelle. Etait-ce encore un piège de Pandore ? Instinctivement, la demoiselle recula jusqu'à ce que la soie blanche de son pelage épouse celle charbonneuse d'Ashes. Sentant la chaleur du mâle se propager sur son flanc, la petite trouva le courage de relever les yeux vers le Prédateur et de questionner en tremblant : « Qu...Qui êtes-vous ? Qu...Que nous voulez-vous ? » Pour le courage, elle pourrait toujours repasser. Et puis, rien ne laissait supposer que la créature connaisse leurs langage. Mais cela valait toujours mieux que de se regarder en chien de faïence jusqu'à ce que mort s'en suive.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeMar 22 Sep - 11:15

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« Ne prenez pas peur, jeunes équidés. »

Ashes sursauta. Cette voix cristalline et résonnante était sortie de nul part, alors qu'il fixait la créature de fumée, irradiante. Regardant autour de lui, il ne vit pourtant aucun autre être vivant aux alentours. Son regard glissa de nouveau sur le loup, qui n'avait pas bougé d'un centimètre et qui les observait toujours. Se pourrait-il que ce soit lui ? Et si...

- Jenifaël... C'est un esprit.

Le rescapé du mal se colla un peu plus à la peau douce et chatoyante de la libellule. Il promena de nouveau ses prunelles d'obsidienne tout autour d'eux, et se rendit à l'évidence qu'il ne connaissait pas ce lieu. Il n'y était jamais venu. Du moins, Haschatan n'y était jamais venu. Et les seuls lieux que le Roi des Démons n'avait pu visiter, n'était autre que les sanctuaires où s'étaient installés les esprits, après sa confrontation avec le mur magique protégeant Kalgoath.
Ashes se souviendrait de ce jour à jamais. La douleur avait été telle pour le Tentateur, qu'elle avait transpercé son âme au point de le toucher lui aussi. Un choc si puissant qu'il en avait souffert, qu'ils en avaient soufferts de longues semaines ensuite. Ashes avait prié pour ne plus jamais ressentir pareille douleur. Il doutait encore du fait qu'il puisse traverser la barrière protectrice, et redoutait l'instant où il devrait s'y frotter. Et si l'essence du démon était marquée à jamais sur lui, dans son sang et dans sa chair ? Dans sa peau, dans son odeur ? Et si, malgré le fait qu'il soit de nouveau mortel et vivant, et s'il ne serait plus jamais considéré comme un être tout à fait normal et innocent ? Ashes baissa les yeux sur ses sabots.
Une chose était certaine : il devrait se laver des actes et pêchés du Tentateur s'il ne voulait pas tirer le poids mort de son image. Il était son ombre, et pour le moment, chaque équidé qu'il croiserait le prendrait pour Haschatan. Ils avaient partagé le même corps, et même si Ashes était dépourvu d'écailles, il ne pouvait modifier sa couleur. Noir. Comme le Mal. L'Obscur.

« Je suis Amour, le grand loup qui sommeille en vous. »

L'étalon releva la tête sur l'être fantomatique qui était toujours présent à les fixer incessamment, sans besoin de cligner des yeux, apparemment. Ashes était mal à l'aise face à un tel phénomène, mais bizarrement, il ne se sentait pas véritablement en danger. Si l'esprit avait voulu les attaquer, il l'aurait fait il y a longtemps. Et puis, Jenifaël ne craignait rien. L'espoir pointa le bout de son nez chez le mâle. Si le loup ne l'avait pas chassé, peut être qu'il n'était pas une cause perdue lui aussi...?
Ashes garda le silence, respectueusement. Il n'avait rien à dire, lui, hôte du Mal, du Roi des démons.

L'esprit lupin se leva soudain, des nuages évanescents s'échappant de sa fourrure pulpeuse. Il descendit de son perchoir et atterrit prestement, avec une telle légèreté devant eux qu'on aurait cru qu'il ne touchait pas le sol. Le loup faisait bien deux fois leur taille, et Ashes recula, impressionné, la respiration coupée. Mais le loup ne semblait pas s'intéresser à lui. Il faisait face à la Fée, blanche colombe dont les ailes avaient été fracturées. Ashes referma ses mâchoires et serra les dents. Il devrait garder ses questions pour plus tard.

« Je lis en toi un amour encore plus fort et indéniable, Jenifaël. J'avais peur de devoir mettre fin à sa vie, dès ses premiers instants. Peut être bien qu'il reste encore un espoir pour ton fils né de souffrance. »

Le grand loup tourna son visage vers le feuillage épais d'un grand arbre recouvert de mousse verdoyante. Son tronc se dénoua en un long grincement rauque, laissant apparaître à son pied une boule de crins noirs et de poils crémeux.
Roulé autour de lui-même et couché sur le sol, le poulain semblait beaucoup plus gros que lorsqu'Ashes l'avait vu la dernière fois. Combien de temps s'était-il écoulé depuis leur fuite ? Ashes fronça les sourcils, le regard posé sur la créature qui lui avait semblé si frêle aux premiers abords, mais qui, de seconde en seconde, lui apparaissait bien plus robuste à présent.
L'esprit s'en approcha et s'assit à ses côtés, tourné vers la jument blanche. Ashes porta ses prunelles sur elle. Elle qui l'avait tant désiré, cet être de l'ombre, né du Mal, dont la destinée était déjà frappée par un sceau maudit.

Ashes se figea. Son regard venait de croiser celui du jeune équidé.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeMer 11 Nov - 17:41

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Une voix sortie de nulle part lui répondît. Une voix claire et rassurante, qui se posa comme un baume sur son anxiété. L'apaisa. « Ne prenez pas peur », avait-elle dit. Et étrangement, Jeni obéît sans hésitations à cet ordre.  Il y avait quelques chose, dans cette voix, quelques chose de...magique. Oh, pas de cette magie noire que la fée n'avait que trop rencontré. Non, de cette magie enchanteresse dont sont saupoudrés les contes pour enfants. Une magie bienveillante, qui fît voler en éclat l'appréhension de la libellule. Comme par enchantement. Et enchantement il y avait peut-être eu. Cela n'aurait guère étonné la libellule. Néanmoins, la Blanche laissa tomber sa garde avec joie, trop heureuse de se sentir enfin en sécurité, ne serait-ce que pour un court laps de temps. Du coin de l'oeil, l'Ivoire aperçut le sursaut d'Ashes, ainsi que le jeu frénétique de ses iris, à la recherche du propriétaire de la voix. Son comportement fît doucement sourire Jeni. Elle aurait voulu lui dire. Lui dire qu'il ne devait pas avoir peur. Que tout irai bien. Qu'ils n'avaient rien à craindre. Comment ne pouvait-il pas le sentir ? Comment pouvait-il ignorer l'aura envoûtante que dégageait le loup ? Car à n'en pas douter, cette voix venue d'un autre monde ne pouvait qu'être la sienne. Jeni en était certaine. Mais la jument ne dît rien, trop captivée par la bête et ses iris ensorcelantes.

« Jenifaël... C'est un esprit ». La jument se contenta de hocher la tête. Un esprit, oui, cela ne pouvait être que ça. Elle comprenait à présent. Elle comprenait ce soudain bien-être qui l'avait envahît dès  lors que la Créature s'était adressée à elle. Bien-être qui ne semblait guère s'être propagé au mâle, dont elle sentît distinctement le flanc se presser contre le sien. A nouveau, l'émail sourît face au comportement anxieux du noir. Il n'y avait vraiment pas lieu de s'inquiéter. Ne le voyait-il pas ?

« Je suis Amour, le grand loup qui sommeille en vous. »
 A ces mots, les prunelles de la jument s'écarquillèrent. Amour. L'esprit dont elle avait imploré l'aide quelques mois auparavant. Ainsi donc, il avait entendu sa prière. Jamais la jument n'aurait crû qu'il lui répondrait un jour. En effet, si la magie noire n'avait eu de cesse de jalonner son parcours, la Blanche n'avait que trop rarement bénéficié de l'aide des êtres bienveillants peuplant l'île. A tel point qu'elle s'était à de nombreuses reprises demandée si ces derniers existaient réellement. S'ils n'étaient pas juste une invention du peuple destinée à rendre le règne de Pandore moins insupportable. Et voici que la magie venait enfin à son secours. Son intervention n'aurait pas pu mieux tomber. Voilà qui éclaircissait le mystère de leur arrivée dans le temple...

C'est alors que le Loup se mît en marche. Et, quand bien même la jument n'avait aucun doute sur ses bonnes intentions, elle ne pu s'empêcher de reculer. En effet, si l'esprit était impressionnant assis, cela n'était rien comparé à sa stature une fois redressé. Il était si haut, que la Blanche dû tendre pour observer le spectacle qui s'offrait à elle. On eût dit que l'esprit voulait, tant sa démarche était fluide. D'ailleurs peut-être volait-il, puisqu'il ne laissait nulles traces sur son passage. Seul un imperceptible souffle, faisant danser les herbes folles jalonnant le pavé moussu, attestait de sa présence. A mesure qu'il se rapprochait, Jeni sentît la tension regagner son corps, tendre ses muscles harassés. Savoir qu'il ne lui ferai pas de mal était une chose. Le voir s'approcher d'elle, tout en la fixant intensément en était une autre. Si la jument n'avait pas eu un chêne derrière elle, sans doute aurait-elle reculé. Mais la question ne se posa guère. Elle était coincée. A cette pensée, la jument ne pu contenir un frisson.

Enfin, le loup fût sur elle. Son ombre lui cachait le Soleil radieux. Elle n'avait qu'à tendre l'encolure pour caresser son étrange pelage, fait de brume évanescente. Si belle. Si intrigante. Mais cette idée n'effleura même pas la libellule. Elle était bien trop fascinée par les prunelles de l'esprit, se noyait à l'intérieur, tandis que ce dernier s'adressait à elle.

« Je lis en toi un amour encore plus fort et indéniable, Jenifaël. J'avais peur de devoir mettre fin à sa vie, dès ses premiers instants. Peut être bien qu'il reste encore un espoir pour ton fils né de souffrance. » Son fils... Cette déclaration eût l'effet d'une bombe dans son cœur. Et soudain plus rien ne compta. Le monde s'effaça. Ne restait que cette pensée. L'enfant du Démon avait survécût. Non, son enfant avait survécût. Un étrange mélange entre soulagement et désespoir la gagna. Elle ne savait que penser. Devait-elle l'accepter, et l'aimer ? Devait-elle le haïr ? Elle ne savait pas. Elle était perdue.

Un craquement sonore lui parvînt de sa droite. Comme dans un rêve -ou un cauchemar?- un imposant chêne s'ouvrit. A l'intérieur, là, si frêle, si vulnérable, si fragile, tout recroquevillé sur lui-même, se trouvait un enfant. Les rayons du Soleil caressaient doucement son pelage doré. Le vent jouait dans ses crins charbonneux.

Cette vue tétanisa la Fée. Il était là. Juste devant elle. A quelques pas seulement. Le fils du Démon. Son fils. Que devait-elle faire ? Le prendre sous son aile ? Le rejeter ? Accourir vers lui ? S'enfuir ? Le protéger ? Le tuer ? Devait-il vivre ? Devait-il mourir ? Et qui était-elle pour décider de le tuer ? Et qui était-elle pour le laisser vivre ?

Le petit être bougea. Et tout l'univers cessa sa course. Son regard fauve rencontra celui de sa mère. Et toutes ses interrogations s'évanouirent. Jeni su. Il n'y avait pas de doute possible. D'une puissant poussée des postérieurs, la Colombe s'envola vers lui.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeDim 15 Nov - 12:09

Astaroth
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Il y a cette douce quiétude autour de moi. Je ne veux pas ouvrir les yeux, je ne veux pas que cela cesse. Mes pensées se bousculent, mon esprit n'est pas encore très clair. Comment le pourrait-il, dès lors même qu'à ma naissance, j'avais conscience de mon être. Je me souviens de la douleur lorsqu'un sabot noir s'était posé malencontreusement sur une de mes frêles jambes. Elle a disparu. Envolé. Je me sens plus fort, et plus résistant. Mais je dois dormir beaucoup encore. J'ai l'impression que mon corps dévore mon énergie. Cela fait quatre jours que je suis ici, à gambader, perché sur cette île qui vole au sein de ruines, sous l’œil perçant de ce loup spirite.
J'ai croisé un lapin, pareil au loup hier. Nous nous sommes regardés quelques instants, avant qu'il ne s'en aille, surement désintéressé par ma personne. Je ne lui en tient pas rigueur. J'avais moi-même l'impression de m'ennuyer, à force de le regarder.

Je suis encore fatigué. Pourtant, il me semble que j'ai dormi longtemps... Je dois me lever. Je sens des odeurs qui ne me sont pas inconnues. J'ouvre les yeux. Ah... Le Soleil me fait mal. Trop de lumière, me donne la migraine. Je m'habitue peu à peu, mes prunelles, jeunes, s'accoutument à la luminosité. Je me rends compte que mes yeux sont posés sur le visage d'un étalon noir. Il me rappelle quelque chose. Je sens mon cœur battre rapidement contre ma poitrine et le sang s'ébattre dans mes capillaires. Comme si mon corps se souvenait. Une partie de moi se méfie. Pourtant, je me sens attiré par lui. C'est dérangeant. C'est comme si mon instinct primitif désirait se jeter sur lui. C'est idiot, je ne veux pas faire ça. Alors pourquoi ai-je l'envie puissante de le rejoindre, de me fondre en lui ?
Je relève la tête et déplie mes antérieurs. J'ai des fourmis dans les jambes. J'ai du dormir dans une position inconfortable... Mmh, ça passera.

Une bras de fumée évanescente passe devant mon nez. Le loup se tient assis à côté de moi. Que me veut-il ? Je pose mes yeux sur lui, et il pose les yeux sur moi. Je sens son dégoût envers moi, mais aussi son incompréhension. Il ne sait pas quoi penser de moi. Je m'en fiche. Cela m'est égal. Je sais qu'il peut me tuer quand il le souhaite. Cela fait quatre jours que je suis ici, mais il ne m'a toujours rien fait. Il me laisse tranquille, n'ose pas me toucher.
Je ne me sens pas très bien ici. Mais en même temps, c'est un lieu qui me plait. Pourquoi ai-je toujours l'impression d'être en désaccord avec moi-même ?

Je plisse les yeux, soucieux et contrarié. Un bruit sourd de sabots claquant contre les pavés attire mon attention. C'est une jument grise qui s'élance vers moi. Que me veut-elle celle là ? Pourquoi fonce t-elle vers moi ? C'est dangereux.
Je me relève soudainement, je glisse un peu sur la mousse. J'ai encore grandi durant mon sommeil, je manque d'équilibre à cause de tous ces changements physiques, si rapides. Je fais face à cette dame blanche. Je ressens un étrange sentiment en la regardant. Elle est importante. Je penche quelque peu ma tête de côté. Elle a l'air douce et gentille. Je baisse ma garde, je ne comprends pas vraiment pourquoi, mais je fais confiance à mon fort intérieur. Cette fois, et pour la première fois, je ne ressens aucune contradiction. C'est intriguant. Je détaille son visage. Je sais qui elle est, pourtant je n'en suis pas si sûr. Si, mais non. Je ne sais pas.

- Mère ?


Ma génitrice. Qu'elle est douce... Je m'avance d'un pas hésitant vers elle. Je perds un peu l'équilibre, je n'ai pas l'habitude de ma hauteur. Dans quelques minutes, je serai plus serein sur mes jambes. Et puis je me souviens. Je n'ai pas de nom, je n'ai pas d'identité. Je ne suis rien. Je vis, mais je n'existe pas encore. C'est à elle de choisir. Mon regard se trouble quelque peu, il pétille d'une certaine impatience, mais aussi d'angoisse. Je ne sais pas ce qu'elle pense de moi. Il me faut un nom pourtant. Mon souffle devient court.

- Quel est mon nom ? Qui suis-je ? Et vous ?

Que suis-je ?
Je n'ose poser cette dernière question. Au fond de moi, j'ai la certitude que c'est une quête que je dois mener seul.
Et puis...

- Où est mon géniteur ? Qui est-il ?


Ce ne sont que des interrogations parmi tant d'autres, mais peut-être pourra t-elle m'apporter des réponses. Je tremble quelque peu. Je prends soudain conscience que j'étais perdu depuis tout ce temps. Je n'ai fait que fermer les yeux, et la vue de ma mère, m'a rappelé la situation dans laquelle je suis. Je ne comprends pas les sentiments du Loup à mon égard, et je ressens l'angoisse et la haine qui s'oppose à moi, lorsque je croise le regard de cet étalon noir. Celui-là même qui m'avait fracturé la jambe la nuit de ma naissance.
Je serre les dents et déglutit. Il me faut des réponses.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeDim 15 Nov - 13:24

Ashes
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[Ashes passe son tour, il ne fera rien d'intéressant de toute manière. Il reste en arrière.]
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeSam 19 Déc - 15:10

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Elle s'élança. Irrépressiblement attirée par lui. Par ce petit être recroquevillé. Par cette petite chose qui avait balayé tous ses doutes, toutes ses interrogations. Qui d'un regard, d'un seul, avait changé son monde. Son fils. Son enfant.

Et qu'importait que son père fût le roi des Démons. Qu'importait le sang noir qui coulait dans ses veines. Qu'importait, les conditions de sa création. Il était là, face à elle. Et c'est à cet instant précis, à la seconde où la Colombe s'envola, qu'elle su. Elle su qu'elle le protégerai. Des griffes de Pandore. Du regard de ses congénères. De la haine des Rhönins. De lui-même. Elle le protégerai. Et elle l'aimerai. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il était son fils. Il était son enfant.

Elle l'atteignît en quelques foulées. Une éternité. Et plus rien ne comptait. Son univers se résumait au petit être étendu à ses pieds. A ce duvet d'or, si vivace qu'il en faisait pâlir de jalousie le Soleil. A ces yeux ambrés enfin, tout embués de sommeil, qui la scrutaient avec une intensité désarmante. Et Jeni l'observait. L'admirait.

Cet être maudit, qui d'un regard avait conquis son cœur. Elle le regarda, pendant une éternité. Elle voulait tout connaître de lui. La moindre courbe de sa silhouette, la moindre nuance de sa robe. Il était si beau, si attendrissant. Qui, en le voyant si frêle, si fragile, aurait pu soupçonné qu'il était le fils d'un démon ? Personne. Et à le voir si petit, si innocent, Jenifaël en vînt même à l'oublier. Son regard glissait sur lui. Le moindre détail s'inscrivit dans sa mémoire. A jamais. Ses petits sabots, si menus, que la jument doutait qu'ils puissent le porter. Ses naseaux délicats. Ses oreilles papillonnantes, avides elles aussi, de découvrir les moindres murmures du monde.

L'instant dura une éternité. Une éternité magique, enchanteresse, où la fée baignait une mer de bonheur absolu. Plus rien n'existait. Ni la peur. Ni la rage. Juste l'émerveillement de découvrir la petite créature. Juste cette vague d'affection, de tendresse et d'amour qui manquait de la submerger. Elle voulait le protéger, cet enfant. L'enserrer contre son poitrail et passer sa vie à respirer la douce odeur qu'exhalait sa peau dorée. Et le bercer. Le couvrir de baiser. Le chérir.

Lui, le maudit. Lui, le Né-des-enfers. Lui, qui toujours serait balloté entre bien et mal. Entre Enfer et Paradis. Celui qui, toujours, serait haïs des mortels, abandonnés des dieux, traqués par les démons. Elle voulait être son refuge. Son unique rivage.

Jamais, ô grand jamais, la fée n'aurait pensé pouvoir ressentir autant de tendresse. Et pourtant, il était là devant elle, ignorant du séisme que sa seule présence avait provoqué en elle. Le regard de la jument s'adoucit encore, une sourire attendri flottait sur ces lèvres. Sa petite merveille..

Et le voilà qu'il se relevait précipitamment sur ses jambes bien trop grandes pour lui. Et voilà qu'elle l'observait, fière de le voir si beau, si fort. Et, lorsque chancelant, le petit Prince manqua de tomber, l'Ivoire fût à ses côtés, effleurant de ses naseaux le flanc duveteux de son poulain, enivrée par son odeur.

Une voix lui souffla que l'enfant était bien trop grand pour son âge, qu'en l'absence de lait maternel, il aurait dû être bien plus faible. Qu'il n'était pas humain pour un poulain de son âge, d'avoir une ossature aussi développée, mais la Blanche choisit de l'ignorer. Aveuglée d'amour et d'affection.

Une voix, fluette et cristalline, comme tombée du ciel, la détourna de ses pensées si dérangeantes. La Jument se recula alors d'un pas, ignorant les protestations de tout sa peau, qui n'aspirait qu'à effleurer le pelage si doux du poulain. Ses prunelles d'onyx se tournèrent vers celle de sa progéniture et d'une voix douce, si douce qu'elle manqua de se perdre de le vent, elle murmura : « Oui, je suis ta mère ». L'émail réprima alors une furieuse envie de l'enlacer, de le tenir tout contre elle. Une pluie de questions venait de s'abbattre sur elle. L'enfant voulait des réponse. Elle se devait de les lui donner.

« Quel est mon nom ? ». Cette question la prit au dépourvu. Oh bien sûr, Jeni se doutait bien qu'elle devrait nommer son enfant, mais de là à avoir en avoir décidé... A vrai dire, elle n'en avait aucune idée. Aucun nom au monde n'aurait pu traduire toute l'affection qu'elle lui portait. Aucun n'aurait pu égaler sa beauté, sa perfection, à ses yeux. C'est alors qu'une idée lui vînt. Si elle n'avait porté le fruit du Tentateur que le temps d'une terrible soirée, cela n'avait pas été le cas de celui de Discord, qui avait grandit dans ses entrailles durant cinq longs mois. Cela avait été largement suffisant pour que la jument s'arrête sur un nom : Astaroth. C'était ainsi qu'elle l'aurait appelé. Un nom de démon, qui reflétait alors toute la haine qu'elle ressentait pour lui et son géniteur. Mais elle ne ressentait plus de haine. Pas envers l'isabelle en tout cas.

Astaroth, symbole de sa rédemption. Astaroth, fils du roi des démons, son Petit Prince... Astaroth aussi, pour ne pas oublier. Un sourire ourla ses lèvres. Oui, c'était décidé. Inspirant longuement, la Fée annonça, la voix vibrante d'émotion :

« Astaroth. Ton nom est Astaroth et tu es mon fils. ».

Il n'avait pas besoin de savoir. Pas tout de suite. Pas si vite. Elle voulait le préserver, ne serait-ce qu'un peu. La vérité finirait par éclater, et bien plus tôt qu'elle ne le voudrait. De cela elle en était certaine.

« Je m'appelle Jenifaël », finit-elle avec une étrange douceur.

Mais la Libellule aurait dû le savoir, le sentir, elle ne s'en tirerait pas à si bon compte. La nouvelle salve de questions fît chavirer le nuage de bonheur sur lequel elle flottait. Car avec ces interrogations revenaient les souvenirs. Si terribles, qu'ils en devenaient presque physiquement douloureux. Et avec eux la tristesse, la peur, la colère. L'ombre de Pandore flotta à nouveau au-dessus d'elle, manquant d'évincer le Soleil. A n'en pas douter la Félonne ne manquerait pas de chercher à récupérer sa création. Elle n'avait certainement pas programmer sa naissance pour le laisser vivre paisiblement... Non, la déesse voudrait en faire une arme. Un autre soldat sans conscience. Le regard de la Libellule s'assombrît tandis que son regard contemplait de nouveau l'enfant. Elle ne la laisserait pas faire. Elle ne laisserait pas cette mégère voler son innocence à son fils. Il n'en était pas question !

Ne sachant que répondre, la jument laissa son regard errer sur les alentours, s'arrêtant sur Ashes. Et lui, que pensait-il de tout ça ? Désapprouvait-il l'existence même d'Astaroth ? Devrait-elle le protéger de lui aussi ? Jeni détourna vivement la tête, le cœur serré. Elle s'en inquiéterai plus tard. Pour l'heure, elle devrait répondre à son enfant. Faute de mieux, elle se décida finalement. « Ton père... » dit-elle d'une voix hésitante, le cœur lourd. « Ton père est mort ». Il n'y avait rien à ajouter. Il n'était pas obligé de savoir. Son innocence n'avait pas besoins d'être brisé. Pas tout de suite. Pas encore.

Cherchant désespérément une diversion afin d'échapper aux interrogations qui immanquablement suivraient sa réponse évasive, la jument s'avança vers le petit être et s'exclama d'un air léger-ou tout du moins le voulait-elle ainsi. « Mais toutes ces questions peuvent attendre. Je te raconterai tout plus tard. Pour l'heure tu dois être affamé non ? ». Son ton fût presque suppliant sur la fin. Je t'en prie, acquiesce et bois. Je t'en prie. Ne pose plus de questions...
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeMer 6 Jan - 23:13

Ashes
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Impuissant, il regarda la Fée voler vers l'être qui était son fils, malgré tout. Malgré le monde qui le détestait bien avant sa naissance, malgré l'ombre de son père qui dormait au creux de sa poitrine. Il le sentait. Il avait beau renié ce sentiment, c'était une infection. Ça puait le sang, l'horreur et la haine. Dans les yeux bruns et sans lumière du poulain à la robe soleil, il y lisait le même néant profond qui avait fait luire les prunelles du Tentateur.
C'était un monstre.

Ashes suivait distraitement la conversation de la jument blanche et de son fils, obstiné par les sentiments abominables qui lui serraient le cœur et les entrailles. Un dégoût sans fin le prenait. Il ne s'imaginait pas s'approcher de l'enfant, à moins que ce ne soit pour le frapper ou le tuer, simplement. Il lui rappelait tellement l'enfer qu'il avait vécu. Il lui rappelait tellement l'enfer qu'avait vécu Jenifaël. Il avait envie de lui hurler à la figure qu'il ne devrait pas vivre, que son existence était une erreur. Le tuer serait une belle revanche contre Pandore. Ce serait un caprice. Mais un caprice des plus satisfaisants.

Et pourtant. Et pourtant.
Il avait pitié. Pitié de l'être qu'il avait en face de lui. Pitié des deux êtres qui s'apprenaient à peine, reliés par un lien puissant et indestructible. Lorsque son regard se posa sur Jenifaël, il sut qu'il lui serait difficile de mettre un terme à la courte vie du semi-démon. Partagé, déchiré, Ashes les observait de loin. Que faire ? Quoi penser ?
Il ne pouvait renier les sentiments de dégoût et de haine, de colère, qui grondaient en lui lorsqu'il glissait ses yeux sur le tout jeune mâle. Il savait son existence destinée à semer le malheur. C'était inscrit dans ses gènes. Il était le fils du Tentateur. Mais en voyant Jenifaël si heureuse, après toutes ses folles et dangereuses péripéties, à seulement passer un moment si simple, il se sentait défaillir.

Ashes recula d'un pas, et commença à se détourner, lorsqu'il perçut les bribes de leur conversation. Il s'arrêta. Sa voix sombre s'éleva dans l'espace du temple du vent, grondant dans l'air. Il avait peine à cacher sa profonde aversion du démon.

- Ton père était l'incarnation du Mal. Il a tué, il a violé. Il a apporté le malheur et la corruption, dans ces terres. L'ombre du Brise-Ciel n'est rien, comparée à ce qu'était l'obscurité qui toujours accompagnait ses pas. Le Roi des démons. Le Tentateur.

Il serra les dents et releva la tête, tournant son visage vers Jenifaël, puis posant ses prunelles brillantes de sombres sentiments sur la créature près de la jument blanche.

- Je l'ai bien connu. Nous partagions le même corps.

Et si lui aussi était capable de s'approprier le corps d'un autre ? A cette pensée, son visage se raffermit. Il resta silencieux quelques secondes.

- Ta naissance n'a rien de naturelle. Tu n'aurais pas du naître.

Ashes bouillonnait. Sentant son self-control glisser entre ses doigts, il décida de s'éloigner du couple, pour se calmer dans son coin et reprendre ses esprits. Les souvenirs de la possession de son âme par le Roi Démon étaient encore trop frais. Il en avait la nausée.

L'Esprit Loup ne dit mot, restant près de Jenifaël et du petit. Son pelage luisait plus abondamment, la présence du lien entre la mère et le fils, et de cet amour inconditionnel, le nourrissant.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeDim 10 Jan - 11:25

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Je me tais lorsque le voix cristalline et pleine d'émotion de la jument à la robe clair-de-lune s'élève près de moi. Je parcours son visage de mes prunelles, je scrute les détails de son fasciés fatigué. Elle me dit qu'elle est ma mère. Je le sais, je le sens. Je le ressens. Je lui dois la vie. Elle me dit qu'elle se nomme Jenifaël et je trouve que c'est le plus joli nom au monde. Je me le répète pour moi-même, murmurant, puis en écho dans mon esprit, et ça me fait sourire. Jenifaël. Je détaille son corps fin dont la musculature est marqué par un manque de gras flagrant. Elle m'a l'air si fragile.
Puis enfin, je note le nom qu'elle m'a choisi. Astaroth. J'ai enfin une bribe d'identité à laquelle me raccrocher. Je répondrai à ce nom toute ma vie. Et lorsque je n'aurai plus rien, il me restera ce trésor à chérir. Ma dignité.

Elle répond à ma dernière interrogation, concernant mon père. Elle le dit mort, mais son attitude me fait douter. Je ne sais pas si je dois la croire. Je fronce les yeux, elle est pourtant ma mère, elle ne me mentirait pas. Du moins, c'est ce que je pense. Est-ce que les mères mentent à leurs enfants ? C'est une nouvelle question à laquelle je ne sais pas répondre. En ressentant le lien qui nous unit, en voyant que je l'ai aimé et reconnu dès les premières secondes, je suppose que sa voix devrait être celle de ma raison. Je ne dis rien.
Le doute s'intensifie lorsqu'elle me propose de manger et de boire son lait en ajoutant que mes questions pouvaient attendre. Je l'agace surement, mais j'ai le droit de savoir. Pourtant je garde le silence, me referme un peu. Je courbe l'échine. Elle est ma mère. Sa voix est ma raison.
Mais je n'ai pas faim de son lait. Je ne me vois pas aller sous elle et prendre une mamelle, cette vision m'offusque et me met mal à l'aise.

- Monsieur Lapin m'a déjà montré les plantes que je peux manger ici. Je n'ai pas faim, merci. Je...

Une voix masculine arrive à mes petites oreilles. Sans aucun doute, il s'agit de l'étalon noir qui m'attire irrésistiblement. Je glisse mes yeux sur lui, et l'instinct sauvage que je ne comprend pas s'agite en moi, comme un lion en cage qui se jetterait contre les barreaux. Je suis bousculé, je fixe mes pupilles dilatés sur lui. J'ai envie de sauter sur lui mais c'est un instinct très primaire et malpoli, je me retiens.
Il parle de mon père. Il dit qu'il se nommait le Tentateur. Il en parle au passé. Jenifaël ne m'a pas menti, il doit être bien mort alors. J'écoute les mots du grand mâle en silence. Je voulais en savoir plus. Et je désire en savoir encore plus.

Je lis pourtant en lui la colère qui monte et l'agressivité dans sa voix. Il finit par se détourner en me disant que je n'aurai pas du naître. Je ne comprend pas encore à quel point il a raison. Je prend cependant conscience que je ne suis pas normal. Je ne suis pas comme les autres.
Je ne suis pas blessé ni vexé. Ce qu'il a dit suait la vérité. Ce sont des faits avérés, et ils font partis de ce que je suis. Je ne peux pas en pleurer, ça n'y changerait rien. Je les accepte.

Je tourne de nouveau mon attention sur ma mère et lui concède une marque d'affection maladroite, avec l'envie de lui exprimer mon amour.

- Mama, je ne comprends pas. Expliquez moi, s'il vous plait.

Tout est encore flou. Je dois savoir. Tout. Depuis le début.
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeVen 22 Jan - 19:56

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Astaroth la dévisagea. Ses prunelles fauves la scrutaient, comme s'ils voyaient au plus profond d'elle. A travers le voile de ses non dits. Cet examen mît la jument mal à l'aise, la faisant douter du bien fondé de ses précautions. Il avait le droit de savoir après tout. Et puis, si elle ne le faisait pas, Jeni avait le bien triste pressentiment que quelqu'un d'autre s'en chargerait à sa place. Il était le fils du démon après tout. Celui que convoitait les Enfers. La rumeur de sa naissance n'allait pas tarder à se propager dans toute la contrée, au grand dam de la Dame Blanche. Mais face à l’innocence de ses prunelles, à la candeur de ce visage, la fée tînt bon. Elle ne pouvait se résoudre à briser son monde. Pas encore. La libellule ne savait que trop bien ce que cela faisait, de se faire brûler les ailes. Elle qui avait tant souffert. Elle dont l'innocence avait été cloué au pilori par Pandore et ses sbires. Comment pouvait-elle seulement songer à faire connaître ce triste sort à son enfant ? C'était impensable.

"Monsieur Lapin m'a déjà montré les plantes que je peux manger ici. Je n'ai pas faim, merci. Je..." Le gazouillis de sa voix d'enfant la tira de ses sombres réflexions. Un élan de tendresse la prît face à la méprise du petit. « Ce n'est pas un lapin, mon ange. » Dit-il elle, sa voix s'égayant au vent de son amusement. « C'est un... ». Son explication mourut dans sa gorge. La portée des mots du nouveau-né lui parvînt. Il n'avait pas faim. Pas de lait en tout cas. Mais... c'était impossible ! Quel enfant sur cette Terre refusait le lait maternel ? Cela n'avait aucun sens. Et puis, s'il ne se nourrissait pas de lait, de quoi avait-il donc besoins ? La vision horrifique du petit isabelle mordant à pleine dent dans un cadavre encore chaud l'aveugla un instant. Mais la libellule rejeta en vitesse cette idée. Non. Non elle ne pouvait concevoir une telle chose ! Et pourtant, son père était le roi des démons, lui souffla une voix insidieuse... Non. Définitivement. Elle ne pouvait penser cela. C'était impossible. C'est alors que la jument se rappela, le loup lui avait montré des plantes comestibles. Des plantes. Pas des animaux. La jument expira longuement. Elle ne s'était pas aperçut qu'elle avait retenu sa respiration. Ni que son cœur s'était brutalement emballée. Quelle idiote, pensa-t-elle à la fois soulagée et amusée de sa propre bêtise.

Mais à peine la jument avait-elle retrouvé un semblant de calme que ce dernier chavira à nouveau. Par la faute d'un grand cheval noir. Un instant, Jenifaël crût au retour de l'Obscur. Il se dégageait tant de haine, tant de souffrance, de cette silhouette charbonneuse. Mais la jument déchanta bien vite, lorsque des prunelles brûlantes, mais bien mortelles, plongèrent dans les siennes. Jamais encore elle n'avait lu tant de dégoût, tant de colère, sur un visage. Les iris furieuses la transpercèrent de part en part, et la jument chancela.  Soutenir ce regard était presque douloureux. Cela la laissa sans voix. Elle n'avait jamais vu la rancoeur déformer autant un faciès. L'étalon était méconnaissable. Où était-il donc, son sauveur ? Parti. Engloutit sous une montagne de colère.

Mais le pire dans tout cela, était qu'elle savait que toute cette fureur ne lui était pas destinée. Elle savait Ashes incapable de lui faire du mal, ou du moins l'espérait-elle. Non, ce qui la désolait autour que ce qui l'alarmait était qu'elle visait son fils. Cette pensée lui fendît le cœur. Ainsi donc, après seulement quelques heures de vie, son Petit Prince affrontait le rejet et la haine de ses semblables. Ashes ne voyait pas la lumière dans le Doré. Il ne voyait pas le fils de Jenifaël, la fée blanche. Non. Il ne voyait que le né-des-enfers, la progéniture monstrueuse du Tentateur. Et elle n'y pouvait rien changer...

Alertée par la soif de violence suant par tous les pores du mâle, l'Ivoire s'avança. Son frêle corps devenant rempart face à la rage du Noir. « Ashes... » souffla-t-elle doucement, espérant apaiser quelques peu le charbonneux de sa voix de cristal. Mais rien n'y fait, en cet instant, Ashes était bien trop aveuglé par la haine et la rancoeur pour l'entendre. Il était hors de porté. Hanté par les souvenirs terribles de sa captivité. Lorsqu'il était encore prisonnier dans son propre corps. Jeni pouvait le voir. Le sentir. Ces souvenirs allaient sans doute le suivre pour le restant de ses jours. En un sens, elle comprenait sa réaction, il n'était libre que depuis quelques heures après tout. Mais traumatisé ou pas, elle ne le laisserait pas toucher le doré.

Malheuresement pour la mère et l'enfant, les mots peuvent blesser autant que les coups. Et cela, la Blanche l'avait oublié. Elle ne s'en rappela, que lorsqu'il fût trop tard. Lorsqu'Ashes ouvrît la bouche et déversa ses paroles tranchantes de vérité. Ces paroles qu'elle aurait tant voulu stopper. « Ashes... » répétait-elle, tantôt menaçante, tantôt suppliante. Espérant l'arrêter. Essayant de le stopper avant qu'il ne soit trop tard. Mais l'émail devait bien se rendre à l'évidence. Elle était impuissante. La fée l'écouta donc déverser toute la vérité comme on deverserait de la poix brûlante, désarmer. Oh, comme elle lui en voulait en cet instant. Et comme elle avait mal en même temps. Mal pour lui. Mal pour elle. Mal pour l'enfant. Un trio maudit par le ciel, voilà tout ce qu'ils étaient...

Et lorsque le noir se tût enfin, un silence de mort accueillit ses paroles. La Blanche le regarda, les yeux embués, le regard dur. Elle ne savait si elle devait s'emporter contre lui ou l'enlacer. Il n'avait aucun droit, de briser ainsi la vie de son fils. Mais elle le comprenait. Elle comprenait sa peine et sa  douleur. Elle ne pouvait simplement pas les accepter. Elle le regarda donc s'éloigner, sans faire un geste. Sans le retenir. Elle ne savait, si elle devait le consoler ou le blâmer. Le rejeter ou l'appeler. Elle le laissa s'en aller, son ombre se fondant dans la noirceur des bois alentours. Jeni s'assura toutefois qu'il ne l'abandonne pas complètement. Elle ne voulait pas le perdre non plus. Elle se sentait si seule, si démunie en cet instant, qu'elle ne saurait supporter sa défection. Elle avait vécût si longtemps seule. Elle ne pouvait perdre son unique allié. Qu'importait à quel point elle avait envie de le gifler.

Mais Ashes devrait attendre, car déjà, le petit la relançait. Avide de savoir. Avide de comprendre. A regret, Jeni baissa les yeux sur lui. Et elle eût pitié. Pitié de lui. Pitié d'elle. Qui était-elle pour briser ainsi son innocence ? Mais il était trop tard. Ashes s'en était chargé à sa place. Il l'avait mise au pied du mur. Sans autre alternative. Si seulement Astaroth ne posait pas toute ces questions... Mais il était là. A la fixer. A poser son chanfrein contre son épaule dans une maladroite démonstration d'affection. Et la jument le regarda tendrement, peinant à retenir ses sanglots. Et qui était-elle, pour lui cacher la vérité ? « Il dit vrai ». Sa voix était d'une infinie tristesse.

Elle ne savait par où commencer. Les mots se bousculaient à l'entrée de ses lèvres. Elle ne voulait pas les dire. Elle ne voulait pas le faire souffrir. Et chaque syllabes s'échappaient à contre cœur, lui ouvrant les lèvres «  Tout... Tout ce qu'il a dit est vrai. ». Elle avait du mal à respirer. Les larmes lui piquaient les yeux. Elle ne voulait pas le faire souffrir. Elle ne voulait rien dire. «  Tu n'es pas né d'amour. Et ta naissance n'a rien de naturel ». Elle avait mal. C'était si dur, de tout lui avouer. De tout se rappeler. Le moindre détail de sa courte captivité lui revenait en mémoire. La satisfaction de Pandore. Le sang. La peur. La douleur... La jument ferma durement les yeux, faisant taire ses souvenirs. Plus tard. Elle y penserait plus tard. Jeni prît une fragile inspiration tremblotante, avant de reprendre «Tu es le fils du roi des démons. Tu es né-des-enfers. De la volonté d'une divinité qui a juré depuis longtemps notre mort à tous. Tu...» Nouvelle inspiration « Tu n'étais pas destiné à voir le jour. Une telle union ne s'est jamais vu. C'était tout bonnement impossible. Une mortelle et un démon ne peuvent engendrer de progéniture. Mais je ne sais par quel sortilège, elle y parvînt. » Elle regardait dans le vide, son regard ainsi que sa voix étaient devenus inexpressifs. Elle était perdue dans des souvenirs bien trop douloureux pour elle. « Je ne sais pourquoi elle a fait une telle chose... Je ne sais qu'une chose, c'est que je parvînt à m'échapper...avec l'aide de ton père. Il est mort en me sauvant... Mort d'amour... » Jenifaël se tourna alors vers son enfant, revenant à la vie. Sa voix se fît plus ferme tandis qu'elle continuait « Mon évasion a rendu Pandore furieuse. A l'heure qu'il est, ses sbires doivent être à notre recherche. » Elle plongea ses prunelles obsidienne dans celle fauve de son fils « Elle te veut, Astaroth. Je ne sais pourquoi, mais elle te veut. Et jamais tu ne pourras vivre en paix. ».

Elle marqua une pause, trop consciente de la portée de ses paroles, avant de reprendre. « Les autres mortels auront sans doute peur de toi, de ta différence. Certains voudront peut-être même ta disparition.». Le regard de l'émail se fît plus intense, malgré les trémolos de sa voix. « A leurs yeux tu ne seras jamais qu'un monstre. Et tu n'y pourras rien changer. Alors n'oublies jamais » Elle marqua un pause, plongea davantage dans les prunelles de l'enfant « N'oublies jamais qui tu es, car le monde ne l'oublieras pas. N'oublie jamais, que tu es Astaroth, né-des-enfers, fils d'Haschatan, le roi des démons. N'ai pas peur de le montrer. De le porter en étendard. Ainsi, personne ne pourra s'en servir contre toi. ». Jeni arqua alors son encolure de cygne, enlaçant le petit-être tout contre elle. Son petit cœur chantait pour ses oreilles. Un sourire attendri naquît sur son visage. Sa voix recouvra la douceur d'une plume lorsqu'elle continua «  Mais n'oublies surtout pas, que tu es aussi mon fils. Que si tu possèdes ta part d'ombre, il y a aussi de la lumière en toi, comme chacun d'entre nous. N'oublie surtout pas, que je serais toujours là pour toi. Qu'importe ce que diront les gens. ». Ses longs crins d'argent les coupèrent du monde extérieur. Il n'y avait plus qu'eux en ce monde. Sa voix n'était plus qu'un murmure. « Et surtout n'oublie pas. N'oublie surtout pas, que je t'aime. ».    
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeDim 14 Fév - 12:46

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Apparemment, mère a oublié la présence du deuxième esprit ici. Il y certes le grand loup, mais aussi un lapin. Et je ne me suis pas trompé en disant que c'est ce dernier qui m'a appris à choisir les quelques plantes poussant ici pour satisfaire mon appétit. Mais ce n'est pas important. C'est un détail, qui ne compte pas. Je courbe quelque peu l'échine. Ce n'est pas de ça dont j'ai besoin.

L'étalon noir éloigné, je ressens un grand calme en moi. La tempête s'en est allée. Je suis de nouveau un et unique. C'est une sensation étrange. Et malgré les dires du dénommé Ashes, je me sens bien. Entier. Je ne peux m'empêcher de laisser un sourire étirer légèrement mes lèvres brunes.

Mais il disparait bien vite, ce sourire, lorsque je me fonds dans les yeux si tristes, si empreint de désespoir de ma mère. Que lui arrive t-il ? Est-ce si grave que ça ?
Elle me dit que les paroles du noir sont vraies, que je suis une erreur, que je ne suis pas né de son consentement. Que mon géniteur était un démon et le plus grand. Mort d'amour, dit-elle. Ca m'échappe. Je n'y prête pas plus d'attention que ça.
Mère me dit qu'on me pourchasse. Elle me pourchasse. Elle me veut. Qui est-elle ? Je hausse un sourcil. Toutes ces réponses apportent d'autres interrogations. Quand cela finira t-il ?
Elle me confirme que je suis pas comme les autres. Je suis différent. Je suis d'ombre et de lumière, dit-elle. Je penche la tête de côté. Suis-je si déséquilibré ?

Mais elle sent, enfin, elle doit sentir mon inquiétude. Elle tente de me rassurer. Je souris, j'apprécie son geste. Je sais qu'elle m'aime, c'est indéniable. Elle ne possède aucune peut et aucune colère dans ses yeux, seulement la douceur de la caresse spécifique du lien qui nous unit, elle et moi. Je me promets que jamais je ne lui ferais de mal.
Je ferme les yeux et profite de la chaleur de son corps contre le mien. Et moi, possède-je aussi la même température qu'elle ? Suis-je froid ou bouillonnant ? Elle me dit différent. Cela se remarque t-il aussi dans la physionomie de mon corps ?

Mais une question plus que les autres restent plantée dans ma tête et ne cesse de me hanter. Je me recule, me détache du corps de Jenifaël, et je plonge mon regard assuré dans le sien. Je n'ai pas peur des autres. Je suis moi et j'existe. Je suis vivant.
J’entrouvre la bouche, goute avec passion à l'air frais et pure qui jaillit de toutes parts ici. Puis enfin je parle.

- Qui est-elle ?

Aucune hésitation dans ma voix, j'ai besoin de savoir qui veut atteindre à ma vie. Je suis si jeune. Il me faut les clefs pour pouvoir me protéger. Du moins, c'est ce que je pense. Au fond, est-ce que j'ai peur ?
Pas pour le moment. Tout est si récent. Je n'ai pas encore assimilé ce que l'on m'a dit et les conséquences de ce que cela entrainent. Mais il me faut savoir. Il faut me dire. Il s'agit de moi. Cela me concerne plus que quiconque.

[Cacatesque.]
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeSam 26 Mar - 15:22

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Et toujours ces questions. Toute ces questions qui l’assaillaient sans cesse, ne lui laissant aucun répit. Pourtant, la Nacrée aurait aimé, ô oui tant apprécié, oublier ses soucis. La Fée ne désirait qu’une chose : se laisser bercer par la paix que lui procurait la présence de son enfant. Mais cela était impossible. Chacune de ses paroles la ramenait immédiatement à ses soucis, empêchant son âme de s’abandonner à la félicité. Il aurait été si simple pourtant, de se laisser aller à la magie de l’endroit. De se laisser berner par le ciel azur et le doux gazouillis des oiseaux. De fermer délicatement des paupières et de savourer les caresses du Soleil sur sa peau. Mais la valse des questions reprenait, faisant irrémédiablement jaillir une ritournelle de souvenirs tous plus sombres les uns que les autres. Les crocs du Tentateur se refermant sur sa chair tendre, le dédale du palais de la Félonne, les prunelles vermeilles de Discord, la mort de Lyo… Ils étaient si nombreux, la Libellule n’aurait su les dénombrer. Ils la hantaient voilà tout. Et, face à la nouvelle interrogation d’Astaroth, d’autres refirent encore surface.
« Elle se nomme Pandore », lâcha-t-elle. La simple évocation de ce nom maudit la fît frissonner. « C’est une divinité, Astaroth, une immortelle. Elle était née pour vivre sur le mont Olympe, mais sa vilénie causa sa perte. Elle vit désormais en exil, régnant sur ces Terres, y semant le chaos et la misère sans raisons. Et nous sommes ses prisonniers, mon ange, nous sommes ses pions. ». La jument avait conscience que ses paroles étaient bien sombres. Ce genre de propos n’auraient pas du atteindre les oreilles d’une si jeune créature. Mais Jenifaël le sentait, son fils n’était pas ordinaire. Il était bien trop perspicace et mature pour pouvoir prétendre le contraire. L’émail estimait qu’il était en droit de connaître la vérité à son sujet. Après tout, l’ombre de la Félonne pèserait à jamais sur sa vie. Que cette pensée pouvait la rebuter !

Comme la sienne, sa vie serait marquée du sceau de la Félonne. Comme elle, la frêle créature connaîtrait les coups, la peur, le sang… Quel destin lui réservaient les Parques, la Libellule n’en avait pas la moindre idée. Se battrait-il au nom du bien ? Se rangerait-il du côté de la Parjure ? La Blanche l’ignorait encore. Levant les yeux vers l’astre diurne, la jument se fît la promesse de tout faire, tout, pour que le petit être serré contre son flanc ne devienne pas un engin de destruction. Elle pria, la petite fée, pour qu’il demeure tel qu’il était à présent : insouciant et doux. Bon et juste. A son image. Et pourtant, Jeni le savait : c’était impossible. Il serait amené à combattre, elle en avait la certitude. Il ne pourrait pas rester un enfant éternellement. Un jour, il connaîtrait la haine et la souffrance. Un jour, ces petits pieds dérangeant la mousse humide s’abattraient sur des flancs, faisant jaillir des geysers de sang. La Nacrée le savait. Mais elle ne préférait pas y penser. Pour l’heure, elle souhaitait juste profiter de la paix qui suintait de ce lieu. De cette douceur de vivre qui se retrouvait partout : dans la brise chantante, dans l’herbe ondulante, dans le ruisseau ondoyant…

Aussi la Dame ploya-t-elle délicatement les genoux, s’allongeant doucement sur un lit de mousse et de lichen. La, elle releva son visage vers son enfant et lui souffla tendrement : « Approche ». Approche, viens près de moi. Je veux sentir battre ton cœur. Je veux percevoir ta chaleur. Je veux croire, ne serait-ce qu’une fois, que rien ne nous séparera.
[Tu veux qu'on en parle ? What a Face ]
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeDim 17 Avr - 14:11

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Je peux aisément lire les multiples émotions qui traversent le regard de Jenifaël. Je sens un pincement dans mon cœur, j'ai déjà beaucoup d'empathie pour elle. Sa détresse m'inquiète, je penche la tête de côté et plisse quelque peu les yeux. Je ne comprends pas encore tout, mais je suppose qu'elle a vécu et vu des choses qui l'ont marqué. Que vais-je bien voir moi, dans ma vie ? Suis-je condamné à me cacher du reste du monde, pour toujours ?
J'ai déjà la sensation d'être prisonnier à l'intérieur même d'une prison. Dans une cage, en plus d'être derrière des barreaux. C'est si injuste. Je suis la cible à abattre et je ne comprends toujours pas pourquoi.

La frustration me fait reculer d'un pas, je grimace un peu, je m'assombris. Tout est si compliqué, j'ai le cerveau en ébullition et je sens venir la migraine. Mon corps en éveil, mais soudain un poids énorme sur les épaules. Je jette un regard à ma génitrice, pose mes prunelles aux reflets rouges sur son visage de nacre, avant de les glisser aux alentours. Mes flancs se soulèvent et s'abaissent dans un profond soupire.
Pandore. Rien que ça.
Et pourquoi ? Je n'ai pas choisi cette vie. Tout ceci est si injuste.

La voix de la Fée attire mon attention. Son murmure parvient à mes oreilles et je frissonne légèrement en ressentant l'amour qu'elle me porte. Docilement, je viens vers elle et colle mon corps trop grand pour moi au sien. Je peux sentir son palpitant tabasser son poitrail éclaté, fin et musculeux. Quelques cicatrices parent sa robe de nacre, nombreux témoignages des combats qu'elle a pu mener dans sa vie. J'ai hâte d'en apprendre davantage sur elle, et sur le grand noir qui me hait déjà si profondément. Et sur l'île et sur Pandore. Je veux tout comprendre, tout apprendre.

Mais pour l'heure, je sens déjà la fatigue revenir sur moi. Je ferme les yeux. Il me faut dormir encore. J'ai l'impression de ne faire que ça depuis que je suis né. Dormir est une perte de temps, je pourrais tellement apprendre au lieu de rester coucher au creux d'un arbre... Mais je ne peux combattre mes paupières et mon corps et mon esprit, qui me poussent à somnoler.
Je laisse mes interrogations de côté pour le moment, et profite de l'instant, collé contre Jenifaël. Je grave son odeur douce et délicate dans ma mémoire et dans ma peau. Elle ne sait pas à quel point elle me rassure. A ses yeux, j'existe. C'est suffisant.

[End pour moi, si tu veux bien I love you ]
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeMar 31 Mai - 14:50

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[Ca marche ! Tu veux que je clotûre où on s'arrête directement là ? ]
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MessageSujet: Re: Neraida ; Jenifaël   Neraida ; Jenifaël Icon_minitimeMar 31 Mai - 20:46

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