I will keep you safe - PV Gayrfressa

I will keep you safe
Gayrfressa & Season's Rebel
Privé

Les cieux se déchaînaient toujours. Le vent, la pluie, les éclairs... Les éléments semblaient s'être ligués pour entraver la progression des deux équidés. Comme pour les garder à jamais prisonniers de la tourmente. Des myriades de gouttelettes les mitraillaient sauvagement. Le sol, devenu boueux, se resserrait en étau autour de leurs membres fatigués. Et pourtant, aucun d'eux ne flanchaient. Ils serraient les dents, déterminés à échapper à l'apocalypse. Parce que si le nomade ne souffrait pas le moins de monde de la météo, il ne pouvait ignorer les difficultés de sa compagne, qu'il surveillait constamment.

Ciel, qu'elle paraissait frêle, perdue au milieu des éléments en furie ! A la moindre bourrasque, le gris craignait de la voir s'envoler. Aussi restait-il le plus proche possible d'elle, prêt à l'aider à la moindre embûche. Elle trébuchait ? Immédiatement une épaule solide lui évitait la chute. Elle tremblait ? Un corps chaud et musculeux se serrer plus fort contre elle. Le vent soufflait ? Son corps d'acier se faisait rempart. A chaque seconde, il se tenait prêt à la soutenir. A chaque seconde, il se préparait à la secourir. Parce qu'il était comme ça, Season's. C 'était un vagabond. Un solitaire. Mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir protéger le monde entier. Et c'était encore plus vrai lorsque la personne en détresse se révélait être qu'une délicate demoiselle.

Mainte fois, il voulût lui parler. Mais jamais il ne trouva quoi lui dire. Et puis, elle semblait si concentrée, il ne voulait pas a déranger, craignant d'occasionner une chute si jamais il retenait son attention trop longtemps. Aussi cheminèrent-ils en silence, assourdît par les gémissements plaintifs du vent. Néanmoins, à mesure que leurs pas les éloignaient de la prairies dorée, le temps semblait s'apaiser. Il pleuvait toujours certes, mais c'était une pluie douce, apaisante. Le vent soufflait, non plus pour les frapper, mais pour les caresser. Et, dans les cieux anthracites, un nuage immaculé et solitaire fît son apparition. Messager de la paix. Un sourire étira les lèvres de Season's, ils s'étaient éloignés de la tempête. Il avait réussi à sortir Gayrfressa de l'apocalypse. Ou plutôt, ils avaient réussi. Parce que sans le courage de la petite alezane, ils auraient encore été en proie à la fureur des cieux ! Heureux, soulagé, le faucon se tourna vers la petite et lui adressa un sourire rayonnant. « Mademoiselle est à bon port ! », s'écria-t-il. C'est alors que son regard épousa l'ombre accueillante d'une forêt, illuminée par les rayons du Soleil. Au milieu de toute ces terres sombre, ce bois apparaissait comme un ilôt providentiel. Un havre de paix au milieu des ténèbres. Sans plus attendre, le gris s'y dirigea, certains que Gayrfressa le suivrait.

In height

Les éléments se déchainaient sur les deux équidés qui continuaient obstinément leur marche vers un temps plus clément. Sans l’aide précieuse de Season’s Rebel, Gayrfressa n’aurait pas fait long feu dans la tempête. A chaque rafale, elle manquait de tomber. A chaque rafale, il la retenait de son corps musclé. A chaque pas, elle manquait de trébucher. A chaque pas, l’étalon la soutenait. Il ne cessait de l’aider. Leurs corps étaient collés apportant ainsi une sensation de sécurité à la demoiselle. Elle avait beaucoup de chance d’être en aussi bonne compagnie. Sans l’aide du gris, l’apocalypse aurait eu raison d’elle. Aucun des deux boueux ne parlait. L’étalon sentait certainement que l’alezane était exténuée. Elle était couverte de boue des sabots aux naseaux. Ses crins étaient un parfait mélange de boue, d’eau et de nœuds. Elle portait sa tête basse, n’ayant pas la force de la porter haute alors qu’elle peinait déjà beaucoup pour sortir sa carcasse de la prairie. La pauvre jument n’avait pas fière allure contrairement à son ange gardien qui lui gardait fière allure en dépit des circonstances.

Devant eux apparaissaient les bois automnaux. Elle était enfin sortie de la tempête ! Ou plutôt, le fils d’Eole venait de l’en sortir. Le temps était plus doux. Il pleuvait toujours mais moins fort. Quant au vent, il était toujours présent mais il ne dérangeait plus Gayrfressa. Son sauveteur se tourna vers elle et lui lança triomphant « Mademoiselle est à bon port ! ». Oui. Elle lui rendit son sourire. Il l’avait conduite hors de la tourmente, elle lui en était reconnaissante. « Merci beaucoup. Sans vous j’y serai encore » lui répondit-elle. Le faucon ne s’arrêta pas. Lui aussi avait repéré le bois et s’y dirigeait déjà. Elle soupira. Cette marche l’avait fatiguée. Un peu de repos lui aurait fait du bien mais elle s’élança aux côtés de l’étalon vers les arbres aux feuilles éternellement rousses.

Le bois baignait dans le soleil au grand bonheur de l’alezane qui n’en pouvait plus de l’eau. La boue qui couvrait son corps sécherait enfin. Il suffirait alors d’une bonne roulade pour s’en débarrasser et retrouver la couleur caramel de sa robe. Elle s’en réjouissait d’avance. Pressée de sentir le soleil chauffer sa misérable carcasse, elle trottinait au niveau de l’étalon qui semblait ravi de la voir ainsi. L’alezane était heureuse. Elle avait rencontré un étalon charmant et elle allait retrouver son élément. Elle n’en demander pas plus. Mais le gris appréciait-il la chaleur réconfortante du soleil ? Il était à son aise dans la tempête alors peut-être qu’il ne l’aimait pas. La demoiselle devait le savoir, sa curiosité s’était réveillée. « Aimez-vous le soleil ? » Elle ne lui laissa pas le temps de répondre. La voilà partie au galop dans de grands cercles autour du poète. Elle allait et venait dans tous les sens, dépensant le peu de force qu’il lui restait pour galoper bêtement. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il la rejoigne, sans doute la trouverait-il puérile. Il l'avait quasiment portée durant tout leur périple, sans doute était-il fatigué. Mais sa joie devait être exprimée, au risque de paraître stupide.

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[Archivé.]

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Et effectivement, elle le suivît. Ombre silencieuse et fidèle. Etrangement, le mâle en fût touché. Au cœur de la tempête, la délicate demoiselle n'avait eut d'autre choix que de le suivre : c'était cela ou subir encore l’ire de Dame nature des heures durant. Mais une fois la tourmente au loin. Une fois le calme et la pas de cet après-midi d'été retrouvé, la charmante jouvencelle aurait pu déserter. Le gris l'aurait parfaitement compris, bien que la perspective de retrouver sa vieille compagne la solitude ne l'enchantait guère. Mais elle avait choisi de rester à ses côtés. De son plein grès. Ainsi, malgré de long mois passés sans voir âme qui vive, il arrivait encore à attirer la sympathie. Et cela le touchait. Surtout de la part d'une personne aussi ingénue que Gayrfressa. La voix de cette dernière s'éleva alors, pure et cristalline. « Merci beaucoup. Sans vous j’y serai encore ». Une vague de chaleur effleura son cœur. Season's était un solitaire. Un éternel voyageur, errant au grès de ses envies. Mais il n'en demeurait pas moins d'une gentillesse à toute épreuve. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que d'aider les autres. Aussi les remerciements de l'alezane le touchèrent-ils autant qu'ils le gênèrent. Mais de sa gêne passagère il ne montra rien. Il se contenta de lui jeter un coup d’œil par dessus épaule et de dire en souriant «C'est toujours un plaisir de porter secours aux demoiselles en détresse ! ». Puis, remarquant la boue qui maculait presque entièrement la silhouette de la demoiselle, il ajouta d'un air taquin « Et puis, je n'aurai pas voulu que vous finissiez aussi crottés que moi ! ». Joignant le geste à la parole, il lui désigna d'un mouvement de tête son propre corps, ensevelis sous des monceaux de boue. Il sentait la terre froide et humide se contracter et se détendre au rythme de ses pas. Ca n'était pas que ça que le dérangeait, en réalité il se moquait pas mal de ressembler à un Golem. En revanche, il pouvait comprendre qu'une jeune jument porte un peu plus d'attention à son apparence.

Le Faucon se détourna alors de l'alezane, pour observer la forêt, dont la masse avait enflée durant son dialogue avec Gayrfressa. Il distinguait désormais les feuilles chamarrées qui ondoyaient sous la brise paresseuse. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. Il lui tardait de s'étendre sous l'ombre apaisante des ramures, sa folle galopade au cœur de la tempête l'avait épuisé. Enfin, sa fatigue n'était rien comparée à celle de sa compagne. Car si cette dernière n'avait pas émis la moindre plainte, l'étalon devinait sans problème la fatigue qui alourdissait ses jambes de ballerines. Se retournant à nouveau, il lui lança : « Courage, notre palace n'est plus bien loin ! ». Mais à peine avait-il prononcé ses mots que la jument arriva à sa hauteur en trottinant. Surpris, le nomade haussa les sourcils. Pas aussi éreintée que cela après tous...« Aimez-vous le soleil ? » D'aucun aurait été étonné de pareille question. Mais pas Season's. Au contraire, il prît le temps de réfléchir avant d'offrir une réponse à la demoiselle. Le Soleil. Synonyme d'été. Des arbres croulant sous des fruits sucrés. Oui, il aimait le Soleil. Le Soleil, et ses caresses langoureuses au plein cœur de l'été. Le Soleil, qui égaille une matinée d'hiver. Le Soleil, et sa brûlure aux heures les plus chaudes de la journée. Le Soleil, irrémédiablement lié à son frère, Fairy tandis que lui était sans cesse comparée à la Lune, rêveuse et solitaire. Comment aurait-il pu ne pas aimer cet astre ? « Oui, j'aime le Soleil » répondit-il enfin. Puis après une brève hésitation, il poursuivît : « Il me rappelle mon frère... ». A cet instant, le regard du vagabond ce voilà. Fairy. Son frère. Son sang. Fairy, qu'il cherchait en vain depuis des années... *Fairy, où es-tu ? Tu me manques mon frère.*

Une cavalcade le sortit de ses pensées. Un regard sur sa gauche lui apprît que la demoiselle avait quitté son côté pour se lancer dans une folle ronde autour de lui. Et elle courrait. Elle volait. Exprimant sa joie avec la candeur infernale que prodigue la jeunesse. Attendri et amusé à la fois, le mâle continua sa marche tranquille tout en observant du coin de l'oeil la petite ingénue, devenu feu follet. Un sourire naquit sur ses lèvres. Non, vraiment pas si fatiguée que cela, après tout.

[Upounet.]

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L'alezane se sentait revivre en sentant la chaleur du soleil venant lui picoter la peau. Parfois cela est fort désagréable et peut même provoquer une désagréable sensation de brûlure mais en cet instant, elle était plus qu'heureuse de retrouver ce signe de vie. Les couleurs tristes, les bourrasques arrachant jusqu'aux arbres, le ciel menaçant d'un orage, les éclairs cinglant le ciel. Tout cela n'était pas fait pour la douce qui trouvait sa place là où le calme régnait. La tempête lui avait suffisamment fait peur, elle en avait eu sa dose pour plus d'une quinzaine de jours. Avant de retrouver une quelconque banalité qui réussirait à la faire trembler comme une feuille. En attendant, il fallait fêter la tranquillité retrouvée.

Ses jambes engourdies supportaient bravement son corps pendant que la petite se vidait de l'énergie qui lui restait dans une course infernale. Un cercle à gauche. Un cercle à droite. Demi-tour. Elle donnait tout ce qu'elle avait pu garder. Arriverait bien un moment où elle s'écroulerait de fatigue. Il ne saurait tarder, elle le sentait. Alors il fallait profiter encore et encore, jusqu'à ce que l'épuisement lui saisisse les entrailles et la fasse freiner. Cet instant précis arrivait à vive allure.

Quelques dizaines de secondes plus tard, la demoiselle repassa doucement au pas. C'est alors qu'elle se mit à souffler bruyamment en tentant de reprendre son souffle. Pile poil le bon timing. Une minute de plus et elle l'aurait amèrement regretté, une minute de moins et elle n'aurait pas assez profité de son euphorie. Peu à peu son cœur ralentit ses battements et Gayrfressa reprit enfin son souffle. Bien que n'ayant pas réagit immédiatement, elle avait entendu Season's. Lui aussi avait un frère. Un frère qui lui rappelait le soleil. Voilà quelque chose de fort intéressant.

« En quoi le soleil peut-il vous rappeler votre frère ? »

A présent le faucon était fixé par deux grands yeux noisette. Les oreilles pointés vers l'avant, la cuivrée attendait la réponse, plus que curieuse de la découvrir. Dévorée par l'envie d'entendre l'étalon parler de son frère, elle était toute ouïe.

N'ayant elle-même pas vu son frère depuis à peu près deux longues années, elle portait un grand intérêt aux relations fraternelles. L'ibérique avait une petite oreille qui mourrait d'envie de savoir ce que c'était d'avoir un frère. Ayant été séparé de lui bien trop tôt à son goût, elle voulait savoir ce que c'était d'avoir un frère à ses côtés. Vivant.

Elle s’amusait. Ephémère et légère. Et il la regardait.

Tout chez elle n’était que mouvement. Ses sabots battaient la mesure tandis que sa crinière devenue flamme ardente voltigeait en tout sens. Et elle souriait, la petite. Elle souriait d’un sourire à en faire pâlir le chaud Soleil de cet après-midi. Malgré l’épuisement, elle dansait. Riait. Jouait. Jeune et insouciante. Et lui, la regardait, le sourire aux lèvres, l’indulgence au fond du regard pour cette fougue telle que seule la jeunesse est en mesure de créer. Elle n’était que mouvement. Il n’était qu’immobilité. Le vent avait beau jouer dans ses crins argentés, ces derniers ne daignaient pas bouger. Et pour cause, il attendait. Il guettait. Statue d’acier, il observait la jeune insolente, qui narguait la fatigue de toute son énergie. Soudain, une flamme s’alluma dans son regard. Là, il l’avait vu. La brèche. Et, sans prévenir, le Faucon décolla.
Il la rejoignît, prenant part à sa course folle. Parce que rester sérieux ne servait à rien. Parce que ses jambes lui hurlaient de la rejoindre. Parce qu’il n’avait qu’une seule vie, et qu’il comptait bien en profitait. Ses muscles puissants roulaient sous son armure de boue séchée. Ses sabots d’airain frappaient durement le sol. Au grès de leurs caracoles, les deux compagnons de voyages s’évitaient et se frôlaient. Pelage Acajou contre terre argileuse. Et les voici, deux fous dansant sous le Soleil. Mais qui donc s’en souciait ? Ils étaient jeunes. Il était heureux. Ils étaient libres.

Mais toute les bonnes choses ont une fin. Et, lorsque les corps hurlent et que les muscles tremblent, les âmes d’enfants n’ont plus qu’à se rendre à l’évidence. Alors, aussi soudainement qu’elle avait commencée, la folle caracolade s’arrêta. Les deux chevaux reprirent le pas. Epuisé mais ravie de s’être ainsi défoulé, le mâle s’avança de quelques pas vers le sentier menant à la forêt, en ouvrant des yeux émerveillés. Cette derrière se dressait désormais face à eux, haute et fière muraille végétale aux milles couleurs de l’automne. On eût dit l’œuvre d’un peintre, tant le tableau paraissait idyllique. Du jaune canaris au rouge carmin, les bois étaient parés de leurs plus beaux atours, pour le plus grand plaisir des spectateurs ébahis. Un frisson d’excitation courut sur l’échine trempée du voyageur. Il lui tardait déjà d’en explorer les profondeurs. Mais cette exploration devrait attendre. Car le mâle n’avait pas oublié sa mission : emmener Gayrfressa en sécurité. Et il comptait bien s’acquitter de cette tâche jusqu’au bout.

La jeune demoiselle venait d’ailleurs de le rejoindre, tout aussi haletant que lui. Season’s se tourna vers elle, lui offrant un grand sourire avant de froncer les sourcils. Si la caracolade avait fortement entamé son entrain, elle semblait avoir drainé toute l’énergie de l’Acajou. « Ca va aller ? » lui demanda-t-il préoccupé. Le mâle commençait à regretter d’avoir encourager la jument à se déchaîner ainsi en l’accompagnant dans sa lubie. La petite ne semblait pas tenir le coup. Et honnêtement, le Nomade n’avait aucune idée de la façon dont il réagirait si l’Alezane s’écroulait de fatigue devant lui. Il avait bien des connaissances de guérisseurs, c’était essentiel lorsque l’on était un Voyageur tel que lui. Mais d’ordinaire, ses soins se concentraient sur les blessures…

Néanmoins, la demoiselle semblait tenir le coup puisqu’elle prît sur elle de continuer la conversation. « En quoi le soleil peut-il vous rappeler votre frère ? ». Nouveau sourire de la part du gris. Instinctivement, la Faucon leva les yeux vers cet astre qui lui rappelait tant son frère. Ce geste, il l’avait effectué des centaines de fois. Lorsque l’absence de Fairy se faisait trop présente, le mâle n’avait qu’à contempler le Soleil pour se sentir mieux. Cela pouvait sembler stupide, mais il avait l’impression qu’à travers cet orbe, son frère veillait sur lui et que cette chaleurs qui se diffusait sur son corps n’était pas le fruit de ses rayons mais d’une embrassade de son frère. Il n’avait qu’à contempler le Soleil, et la présence de l’Isabelle devenait presque palpable. Souvent, le mâle se demandait où était passé son frère. Ce qu’il était devenu. Ce qu’il aimait. Ce qu’il vivait. Et plus que tout, il se demandait, si son frère pensait aussi à lui en contemplant le même astre et si, parfois, il lui manquait lui aussi… Sentant la mélancolie le gagner, Season’s reporta son attention sur Gayrfressa, reléguant ses interrogations dans le recoin le plus reculé de son âme. « Parce que Fairy est que comme le Soleil. » répondit-il finalement « Il est fort, fougueux, sans peur. Sa simple présence illumine le monde autour de lui. Comme le Soleil, il est vantard, tapageur. Il sait blesser autant qu’il sait réconforter. Tout le contraire de moi. » Acheva-t-il avec un pauvre sourire.

Bien qu'haletante, la petite n'avait toujours pas perdu la parole. Il avait suffit de s'arrêter au bon moment pour garder encore un peu d'énergie. Suffisamment pour marcher et parler, trotter ou galoper, mieux valait oublier. Sans doute s'écroulerait-elle si elle se remettait à courir un peu, certainement très rapidement même. Si elle faisait dix mètres, ce serait un exploit. De toute façon, ses membres se plaignaient au moindre mouvement, ils refuseraient catégoriquement de prendre un rythme plus accéléré. Season's semblait l'avoir parfaitement compris. L'étalon la regardait avec un air quelque peu inquiet. Il n'avait pourtant pas de soucis à se faire, elle marcherait encore jusqu'à ce que leurs chemins se séparent. L'alezane s'endormirait certainement pour un long moment. Elle lui sourit.

« Bien sûr, je dormirai juste très bien cette nuit »

Passée la tempête, passé son malaise. Gayrfressa et la météo, toute une histoire. La pluie mouillait. Agréable en été certes, glaciale en hiver. Lorsque des trombes d'eau lui tombaient dessus, elle partait se cacher. Elle n'avait pu le faire dans la prairie dorée, faute du vent. Le vent l'énervait. Fouettant sans relâche son pauvre corps, il semblait agir par caprice, tantôt ne la lâchant pas d'un poil, tantôt l'abandonnant complètement. Cet élément ne lui plaisait pas. Jamais présent lorsqu'on avait besoin de lui. Des montées de température sans air frais à sa disposition et elle n'était plus qu'une simple carcasse fondant en plein cagnard. Le soleil était de loin ce qu'elle préférait. Seul dans le ciel en hiver, il la réchauffait. En été, il était en revanche moins sympathique, brûlant sa pauvre peau. Mais sa présence dans le ciel était à toutes les saisons rassurante. Grand, chaud, brillant. Comment ne pas se sentir en sécurité en sa présence ? La lune, froide, petite et bien moins lumineuse n'était qu'inquiétante. Fourbe, elle refusait de permettre une vision correcte. La Demoiselle n'aimait guère cet astre, synonyme de Pandore à ses yeux. La nuit n'était-elle pas le meilleur moment d'attaquer pour les monstres ?

« Il doit être formidable votre frère !»

Et elle était sincère. Elle buvait les paroles du gris, émerveillée par ce qu'il lui disait. Son frère devait être vraiment un parfait guerrier et un très bon frère pour qu'il en fasse ainsi l'éloge. Gayrfressa n'avait, elle, quasiment plus de souvenir de son frère. Cela lui semblait si lointain, si irréel. Si elle avait eu à le décrire, elle n'aurait pas utilisé le Soleil. Non. Certainement la Lune. Mais elle ne voulait pas s'attarder sur son passé et sombrer dans une tristesse passagère. Non, pas après la tempête dont elle sortait. Il fallait sourire, profiter du calme et du beau temps. Et non se laisser emporter dans le passé. Oh ça non. Elle plongea ses yeux dans ceux de l'étalon.

« Parce que vous, vous n'êtes pas fort ? »

Une fois de plus, la voix claire de la demoiselle le détourna de sa mélancolie lancinante. Cette mélancolie qui teintait le monde de sépia à chaque fois que ses pensées dérivaient vers son frère tant aimé. Cet ami tant regretté. Que n'aurait-il donner pour le revoir, ne serait-ce qu'une fois ! Pour lui dire toutes ces choses, que jamais l'on ose dévoiler mais qui laissent un goût amer, lorsque toute occasion de les révéler nous est à jamais enlevée. Lui dire qu'il l'aimait. Qu'il l'admirait. Des banalités en somme. Des paroles communes qui n'avaient pris de sens que lorsque l'Isabelle était sorti de sa vie. Un rideau de brume voilà les prunelles du Nomade. Aurait-il jamais la chance de les lui dire ? Une unique larme quitta le port de ses iris pour se perdre sa ganache grise. Le baiser salé de cette traîtresse ramena le mâle à la réalité. Non, il ne devait pas se laisser aller ainsi ! Il ne devait pas perdre espoir ! Bien sûr qu'il reverrait Fairy ! Ca n'était qu'une question de temps avant que cet idiot ne rentre à nouveau dans sa vie comme un boulet de canon ! Les lourds nuages qui pesaient sur son cœur se dissipèrent rapidement tandis que cette certitude le gagnait. Season's se hâta alors d'essuyer discrétement sa ganache contre son épaule, priant pour que l'Acajou ne la remarque pas. Il ne voulait en aucun cas l'importuner avec ses problèmes. Et puis, l'étalon devait bien avouer qu'il n'avait aucune envie de s'étendre sur l'absence de son frère. Elle n'était déjà que trop douloureuse sans avoir besoins d'être épiloguée !

Quoiqu'il en soit le sourire candide de Gayrfressa ainsi que ses paroles toute en légéreté fûrent d'une aide précieuse pour le mâle, qui retrouva bien vite sa bonne humeur. Il n'était pas du genre à se laisser abattre, loin de là. « J'y compte bien ! Je ne vous ait pas sortie de là pour vous voir vous écrouler de fatigue ! » dit-il moqueusement. Mais derrière l'étincelle d'humour qui pétillait dans ses yeux se cachait un intérêt soucieux. Il craignait réellement que la demoiselle n'ait présumée de ses forces. Elle semblait si fragile, détrempée comme elle l'était...

« Il doit être formidable votre frère !» La mélancolie revînt aussi vite qu'elle avait disparu, vague battant sans relâche le rivage de ses yeux. En un instant tout lui revînt. Les après-midi passées à explorer le territoire du troupeau. Leurs courses folles dans les sous-bois. Leurs chasse aux écureuils. Leurs chamailleries d'enfant. Et leur rires qui s'envolaient à l'unisson sous un Soleil radieux. Puis l'ombre des poulains qu'ils avaient été s'étendit, se fortifia. Il revît alors cette sombre période où leurs complicités avaient volées en éclat. Où le guerrier rejetait le poète, le traitant de tout les noms, idiot, lâche, mauviette... Et enfin, leurs retrouvailles, sous le Soleil de la plage d'azur, et cette émotion qui lui serrait encore la gorge... « Vous n'avez pas idée... » souffla-t-il, la gorge nouée.

Cependant, leurs pas les avaient menés à l'orée de la forêt. Le spectacle magnificient que leur offrait la nature illumina les pensées du mâle. Season's se retourna alors vers Gayrfressa et, lui offrant un mince sourire teinté de tristesse, lui lança « Allons chercher un abri ». Sans attendre sa réponse, le Nomade s'engagea dans les sous-bois, sentant la terre spongieuse céder le pas à l'humus moelleux sous ses sabots. Tandis que l'ombre de la forêt les enveloppait tout deux, la voix de l'alezane résonna à nouveau.« Parce que vous, vous n'êtes pas fort ? »

Les oreilles du gris papillonnèrent dans tous les sens tandis qu'il réfléchissait à la réponse qu'il pourrait lui offrir. Fort ? Jamais il ne s'était posé la question, à vrai dire. Evidemment, sa force physique ne faisait aucun doute, eût égard à son imposante stature et à la puissante musculature roulant sous sa robe de Lune. Mais pour le mâle, la véritable force résidait ailleurs. Au plus profond des cœurs. Or l'étalon n'avait jamais réellement eût l'occasion de l'expérimenter. A l'exception de sa rencontre avec le dieu félon. Or il n'avait pas particulièrement fait preuve de force ce jour là. Il avait simplement laissé le destin le guidé comme toujours. Alors non, le mâle n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait réponde à la douce alezane. Finalement, il prît le parti le plus neutre et demanda, réellement curieux d'entendre sa réponse. « Qu'en pensez-vous ? »

Peu à peu, une lourde plainte commençait à émaner de ses membres. La dure journée qu'elle venait d'affronter faisait enfin son effet sur son organisme. La demoiselle pouvait enfin ressentir la fatigue prenant doucement possession de son corps. Cela ne l'effrayait pas, bien au contraire. Pour une fois, elle était bien contente de savoir qu'elle allait dormir. Sa nuit s'annonçait déjà belle, le danger ayant été éloigné, elle se sentait bien plus assurée. Nulle peur de cauchemars puisqu'elle n'avait aucune raison d'en faire. La petite dormirait à poings fermés, s'en était certain. Leur course l'avait vidée de toutes ses forces. Ce n'était pourtant pas pour cette raison qu'elle se laisserait aller aux bras de Morphée dans les instants suivants, non. Elle n'avait pas encore fini de questionner son sauveur, le Faucon. Il avait piqué sa curiosité, la remettant d'aplomb pour tenir debout un moment encore.

« Vous n'avez pas idée... » La demoiselle fit la moue un court instant. Le gris lui parut un brin moins radieux, une fraction de seconde. Elle perçut dans son regard une baisse d'éclat alors qu'il lui répondit. Perplexe, elle pencha la tête de côté. Pourquoi semblait-il moins gai ? Etait-il triste ? L'alezane n'était pas très douée pour ce qu'il s'agissait d'analyser les réactions. Ayant passé une bonne part de ses premières années d'existence à se cacher, elle n'était pas en mesure de tout interpréter. Ainsi détourna-t-elle son attention de ce doute qui l'avait envahie. Elle n'était pas des plus intelligente mais il lui semblait bien qu'il était évident que Season's était attaché à son frère. Et cela lui semblait aussi logique. Alors il devait probablement lui manquer. Elle fit donc sa petite distraite qui ne s'était pas attardée sur ces propos, c'était une des capacités des jeunes équidés, passer du noir au blanc sans se poser de question.

La voici donc qui lâchait un petit « Oui. » en approbation à sa décision. Il lui tardait de se reposer mais cela ne l'empêchait pas de rester guillerette jusqu'à être arrivée à destination. Elle s'élança au petit trot pour rattraper l'étalon, déjà engagé dans la forêt. S'il y avait une chose qui lui plaisait particulièrement dans la forêt, ce n'était ni ses feuillages d'une couleur vive unique, ni ces grands troncs parfois d'un grand âge et encore moins le calme qui y régnait. Gayrfressa aimait ce lieu tout simplement parce qu'elle y trouvait de nombreuses planques. Et, bonne fuyarde qu'elle était, elle les avait toutes en mémoire, pour les avoir fréquentées à maintes reprises.

Le gris détourna sa question, la lui reposant. La demoiselle continuait sa route tout aussi active dans son pas. Elle le fixait avec cet air d'une simplicité digne de sa personne. « Vous allez m'obliger à chercher des arguments.. » Elle sourit, toute contente de se construire une réponse développée, pour une fois. Elle reprit. « Vous avez beaucoup de qualités. Vous êtes grand, massif et vous dégagez une... Euh... » Elle avait perdu son mot. « Une certaine aura intimidante ! » Elle souriait de plus belle, satisfaite d'avoir retrouvé le fil puis continua. « Oui c'est sûr, vous êtes physiquement imposant. Mais vous n'êtes pas méchant. Au contraire, votre présence est agréable et vous m'avez tout de même tirée de la tempête ! Pour moi vous êtes fort. » Elle trottina sur quelques mètres afin de prendre la tête avant de s'adresser de nouveau à lui. « Suivez-moi, je connais un coin tranquille et sûr pour passer la nuit. »

La petite, déjà en tête de les conduire à bond port, marchait la tête haute, toute contente de pouvoir se rendre utile grâce à ses cachettes. Certes, celle qu'elle avait en tête n'en serait plus une puisque le fils du vent la connaîtrait mais elle était heureuse de pouvoir être utile à son tour. Puis, puisqu'elle connaissait le chemin, elle savait que leur marche s'arrêterait bientôt et cela lui tardait. Ses membres s'engourdissaient de plus en plus.

« Vous allez m'obliger à chercher des arguments.. » Cette remarque fît doucement sourire le mâle, qui quitta un instant la demoiselle acajou des yeux pour observer les environs. Au cours de ces quelques années d'errance sur l'île, l'étalon avait eût de nombreuses fois l'occasion de se rendre dans les bois automnaux. S'ils n'avaient pas la majesté des territoires volants ni la superbe du temple du vent, ils n'en demeuraient pas moins un lieu très apprécié du voyageur. Le gris aimait les couleurs chatoyantes des frondaisons dont les milles nuances ravissaient son œil. Lui qui aimait explorer et découvrir ne pouvait qu'être ravie de cette découverte constante. Jaune Canari. Jaune Ambré. Jaune Mimosa. Jaune miel. Jaune citron. Et bien d'autres camaïeux dont l'étalon ne soupçonnait même pas l'existence. Dans les sous bois, les feuillage ondulaient sous la caresse de la brise. Les couleurs dansaient en ronde joyeuse et insouciante. Un délice pour le regard.

La déclaration de la candide alezane attira à nouveau l'esprit volubile de Season's. Ses réflexions toute en innocence et en naïvité ourlèrent à nouveau ses lèvres d'un sourire. Le gris se surprît même à juger tant de candeur adorable. Oui, l'acajou était adorable. Peut-être était-ce du à sa silhouette, qui malgré le temps, conservait encore quelques rondeurs enfantines ? Où peut-être était-ce son regard si noir, qui brillait d'intelligence et d'une certaine crédulite également. A moins que cela ne soit sa voix claire, claire comme l'eau d'un ruisseau chantant dans les environs. Le mâle n'aurait sû le dire. Gayrfressa avait juste un je-ne-sais-quoi qui poussait le Faucon à l'entourer de ses ailes, à la préserver des horreurs qu'il avait lui même vu au cours de ses nombreux voyages.

Le gris étudia un moment les réflexions de la rousse. Oh bien sûr, il se savait d'une forte constitution. Ses années d'errance avaient forgé ses muscles dans de l'acier trempé, ce qui ne faisait que renforcer sa stature déjà imposante. Mais jamais, oh grand jamais, il ne s'était considéré comme une personne intimidante. A vrai dire, le Voyageur avait du mal à concevoir qu'un étranger puisse être impressionné par sa propre présence. Fairy, lui, était imposant. D'aussi bonne constitution que lui, le guerrier avait également en permanence une lueur féroce brillant dans le regard. Une férocité jamais tout à fait contrôlé. A son total opposé, lui, le cheval à la robe de Lune, dont la constance n'avait d'égale que sa soif de liberté. Mais après tout, l'argument de la demoiselle se tenait. Pour lui, la force résidait non sur le physique, mais sur l'esprit. Sur l'honneur, le courage, le sang-froid, la sagesse. Autant de qualité que le gris n'osait s'attribuer mais que l'alezane lui prêtait sans complexe. Season's sourît à nouveau. Il n'était pas persuadé qu'elle eût raison, mais ses paroles lui réchauffaient tout de même le cœur. « N'importe quelle personne ayant un temps soit peu le sens de l'honneur vous aurez porté secours. » dit-il humblement, avant de suivre, amusé, la petite jusqu'à sa cachette.Une bonne nuit de sommeil n'était pas du refus.

Posant prudemment un sabot devant l'autre, l'alezane tentait de s'assurer qu'elle resterait encore debout. Le temps suffisant pour se mettre à l'abri. Elle ne comptait en demander plus encore à son pauvre corps affaibli par cette dure journée qu'il venait de passer. Sans doute n'oublierait-elle pas cette folle météo qui les avait accompagnés tout du long de leur journée. Sans doute n'oublierait-elle pas ce vent à décorner les bœufs qui en avait plié les arbres, ces grands êtres d'ordinaire droits. Ce vent fort qui avait menacé de la mettre à terre elle aussi, frêle jument qu'elle était. À présent loin de tout ça, elle pouvait bien se demandait comme elle avait pu faire face à la tempête. Et sa robe, toute de caramel, portait encore les traces du bourbier. Ses fins fanons n'étaient plus d'amas de terre bientôt sèche. Et ses crins, ô ses crins, n'étaient plus que des amas de nœuds dignes d'un grand casse-tête.

Sans fin. Cette journée aurait pu lui paraître sans fin. Par chance, sa route avait pu croiser celle du Faucon. La prenant sous son aile, il lui avait permis de s'extirper de la tempête bien plus tôt qu'elle ne l'aurait fait étant seule. Et surtout, elle avait pu constater ce calme qui régnait sur une autre partie de l'île. Jamais la jeune Gayrfressa n'aurait pu penser qu'alors que les éléments se déchaînaient dans un coin de l'île, le reste en était complètement au sec, sous un beau soleil printanier. Non, sans doute n'aurait-elle jamais pu croire que la météo de Falöna Synaë pouvait être à un tel point capricieuse. Mais elle ne s'estimait pour autant pas heureuse d'avoir pu constater un tel phénomène. Bien au contraire, elle s'en serait volontiers passé sans aucune hésitation possible. L'aventure et l'amour du danger n'étaient présents dans et amas de caractères qui la constituaient.

Mais à se contenter de veiller à ne point se laisser aller par la fatigue, n'en oubliait-elle pas le principal ? Ce fameux lieux sûr qui pourrait leur permettre de récupérer tranquillement et pleinement de cette dure et longue journée ? Oui, c'était cela. Elle devait le retrouver. Elle porta un bref regard à l'étalon. Et lui, était-il fatigué ? Il avait certainement doublé d'efforts pour la protéger de la tempête. Sans doute était-il même plus fatigué qu'elle. Pourtant, qu'importe le degré de fatigue qu'il pouvait éprouver, l'alezane ne pouvait le deviner de par son expression. Bien au contraire, il lui semblait tenir encore facilement sur ses quatre membres. Comment y parvenait-il ? Elle l'ignorait. Cela lui semblait bien loin de ses propres capacités. Jamais elle ne pourrait cacher son état, ô ça non. On lisait en elle comme dans un livre ouvert. Cela la perdrait peut-être un jour, certainement.

Et ce coin propice au repos, quel était-il ? C'était un miracle que ce qu'il restait de la capacité de réflexion de la petite soit encore capable de le retrouver. L'habitude de s'y rendre dans la panique afin d'échapper à une Apparition pouvait y être pour quelque chose. Autrement, elle ne pouvait se l'expliquer. Ce réflexe leur permettrait pourtant un repos bien mérité. Ainsi Gayrfressa se laissa-t-elle guider par sa propre conscience, guidant elle même le fils du vent. Ils ne tardèrent plus à rejoindre un coin reculé des bois automnaux. Non loin des falaises grinçantes, il pouvait arriver de croiser des rocs épars au détour d'un sentier. Sa route se dirigea vers ces fameux blocs rocheux. Ses antérieurs se levèrent bien haut à chaque pas. « Prenez garde, les ronces sont nombreuses. » Elle ne le savait que trop bien, pour elle même avoir pu y goutter à maintes reprises.

Son chemin continua une centaine de mètres durant. Pour finalement déboucher à la tant attendue planque de la caramelle. Qu'était-elle cette planque ? Rien de bien complexe. On-ne-peut plus banale même. Seulement, il ne fallait pas craindre de se prendre branches, ronces et toiles d'araignées pour s'y rendre. En état de « crise », la Demoiselle ne le craignait nullement. Ainsi s'enfonça-t-elle dans la forêt sans une once d'hésitation. Au détour d'un grand pin, l'on pouvait apercevoir trois rocs réunis. Surpassant les ronces et les vieux troncs, l'on pouvait voir qu'ils ne semblaient collés parfaitement. En s'approchant de plus près, il suffisait de se faufiler entre quelques troncs pour rejoindre l'espace qui les séparait. Ce n'était pas bien grand, non. Mais suffisant pour abriter deux équidés le temps d'une nuit. Et sûr, principalement. Elle le savait, il n'y avait qu'une seule entrée suffisamment obstruée pour que personne ne vienne interrompre leur repos.

Et elle se glissa enfin dans sa vieille planque. Soulagée et exténuée. Son regard se porta vers l'étalon. « Nous y voici. Encore merci pour tout ce que vous avez fait. » Sans son aide, elle en aurait d'autant plus bavé. Elle n'avait cru qu'un jour elle serait autant heureuse de se cacher. Parfois, la lâcheté s'avérait avantageuse. Comment aurait-elle connu ce coin autrement ? D'un soupir de soulagement, elle se glissa au fond de la petite cavité et il ne lui fallu guère plus de temps pour s'effondrer non sans douceur au son, de feuilles mortes dénué. Confortable tapis de mousse qui l'accueillit tendrement. En un instant, la frêle dame se laissa porter par les bras de Morphée. L'épuisement avait eu raison d'elle. Ainsi, une nuit récupératrice et sereine s'offrait à elle. Nul doute qu'elle ne rêverait guère, cependant les cauchemars ne pourraient venir hanter ce sommeil profond qu'elle entamait.

[Désolée pour l'attente :/ ]

Sujet: Re: I will keep you safe - PV Gayrfressa

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